Pierre rapporte lui-même l’événement : « cette voix, nous l’avons nous-mêmes entendue : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie ». C’est l’essentiel. Il ne raconte pas « le reste » : la surprise des trois disciples, la blancheur des vêtements, Elie et Moïse, son désarroi, la nuée. Ce qui demeurera de l’événement-surprise, c’est la voix du Père. Pierre nous apprend le chemin des témoins : non pas faire de grands discours avec des visions sophistiquées, dit-il, mais raconter simplement ce que le Seigneur opère et touche en nous. Chaque témoin le vit et l’exprime à sa manière, unique, ça, c’est autre chose.
Quelle est cette « Gloire magnifique » d’où leur parvient la Voix du ciel ? Le ciel, c’est le cœur. C’est lui qui est touché, ouvert, et qui entend. C’est cela, l’événement. Il est donné, il vient à l’improviste, rien ne le laisse prévoir mais il arrive, parfois, à qui prête l’oreille de son cœur. Il met en joie, il désarçonne, comme l’ont vécu Pierre, Jacques et Jean. Que faire de cette voix ? Que faire de « l’événement » ? Pierre est paumé. Moi aussi parfois, quand une parole inattendue appelle, et je ne sais à quoi. C’est le temps de l’Esprit : plus tard nous comprendrons, plus tard nous ferons quelque chose de cette voix, de l’événement. Ils redescendent tout penauds mais interrogés : « ressusciter d’entre les morts, c’est quoi ce truc ? ! » L’Esprit travaille en eux, qui les préparera à recevoir l’événement unique à venir : la Pâque du Christ. A l’ombre de l’Esprit, point d’évidence, juste un tressaillement, chantera un poète…
Olivier de Framond, compagnon jésuite
2 P 1, 16-19 ; Ps 96 ; Mc 9, 2-10