Dans l’évangile de Luc Simon arrive sans prévenir. C’était hier avec sa belle-mère fiévreuse. L’appel des premiers disciples ne vient qu’après, à l’inverse de Marc et Matthieu. Luc commence par l’épisode mouvementé à Nazareth, peut-être pour annoncer déjà que la Bonne Nouvelle sera reçue d’abord par l’extérieur, les nations païennes. Revoilà notre Simon à son lieu de boulot, pas encore appelé mais déjà croisé, qui retrouve Jésus. La pêche de la nuit a été nulle. Simon est là avec ses associés. Qui ? Il y a 2 barques. Alors est-ce André, Jacques et Jean ? Un moment on parle de « tous ceux qui étaient avec lui ». Y en a-t-il d’autres ? C’est peut-être nous si le Seigneur nous a appelés au large pour jeter les filets… Et en plein jour, alors qu’on ne pêche que la nuit, les filets sont pleins à craquer !
Alors « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur » ! A-t-il commis un péché ? Je ne vois pas. Le pécheur, pour qui Jésus est venu, c’est peut-être quelqu’un qui se voit nul et honteux devant les autres. « J’ai raté la pêche, moi le pro, et lui c’est pas son truc et il en pêche des tonnes à des drôles d’heure ! » C’est la honte. Et même la paralysie : il est saisi d’effroi, comme les autres. Jésus ne joue pas les forts, il console : « sois sans crainte, ce sont des hommes que tu pêcheras ». Comme Jésus en a pêchés juste avant, venus l’entendre ! Ils laissent tout. Les poissons mais surtout, ils vont laisser leurs réflexes de compète, de honte, d’égo, pour entrer dans le royaume du Bien-Aimé. Ce sont les mots de Paul : il les arrache au pouvoir des ténèbres pour découvrir une autre dynamique, celle de Dieu, celle du Bien-Aimé, dans le monde, ici, maintenant.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Col 1, 9-14 ; Ps 97 (98), 2-3ab, 3cd-4, 5-6 ; Lc 5, 1-11