L’Ascension a au moins eu un fruit : l’attention de Luc à Théophile. Théophile, l’ami de Dieu, c’est vous, c’est nous, ensemble, chacun(e). C’est déjà un beau cadeau de l’Esprit. La 1ère fois que j’ai prié la scène, nous étions invités à demander de nous réjouir pour tant de joie et de gloire du Ressuscité. La grâce n’est pas venue aussitôt car il partait pour de bon ! D’autres sont restés figés vers le ciel. Ils avaient de bons yeux pour le voir s’asseoir à la droite du Père ! En tout cas il est fini le temps où le Ressuscité venait consoler ses amis à sa façon. « Est-ce le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Ou on va retrouver le monde d’avant ? Ce qu’il nous dit, c’est de remballer notre question. Mais tout n’est pas comme avant. S’ouvre le temps des témoins. A vous d’aller rencontrer la vie comme Jésus l’a donné ! A nous d’y aller, quelle que soit l’adversité ! Ce qui change, c’est une disposition à recevoir, celle de l’Esprit qui conduira nos pas tout autour de nous. Luc nous le fera entendre : le nouvel acteur, c’est « nous et l’Esprit Saint ». Il reste à reconnaître l’Esprit et à le laisser entrer en nous. Mais là, c’est la Pentecôte, un peu de patience !
Paul relie l’Ascension à sa descente aux enfers pour chercher les captifs. On le dit dans le Credo. Quels captifs ? Sans doute nous tant que les dons de Dieu ne sont pas reçus humblement pour construire le corps du Christ, semble dire Paul. En fait l’Ascension, c’est la fête de l’humilité, qui fait consentir aux dons des uns et des autres, aux siens aussi, et le corps vit. Le corps du Christ advient quand tous et chacun chantent un seul Dieu et Père de tous. On n’y est pas encore mais ce qui aide la colombe à descendre, c’est l’humilité. Au Golgotha elle descendait, cachée, sur le Fils quand il disait « j’ai soif », et le Fils l’a remise, la colombe, l’Esprit, à la terre. Aider l’Esprit à descendre, c’est la tâche des témoins. En montant vers le Père, c’est à cela que le Christ nous entraîne. Me réjouir de l’Ascension, me réjouir pour le Ressuscité, vient en recevant la grâce de l’humble place. Marc ajoute que cette grâce ouvre à la foi. L’Ascension nous y convie. « Celui qui refusera de croire sera condamné ». Boum ! Mais peut-être non, pas « boum », mais simplement recevons de croire. Les doutes, c’est autre chose. Tu es monté, Seigneur, accueillons ton départ...
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ac 1, 1-11 ; Ps 46(47), 2-3, 6-7,8-9 ; Eph 4, 1-13 ; Jn 16, 15-20