Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche 9 mars 2025 - 1er Dimanche de Carême, année C

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 8 Mars 2025, 21:47pm

Catégories : #homélie_cazalis, #homelie_cazalis, #Méditation

Nous avons en ce premier dimanche de Carême, des textes d’une grande densité. Un seul texte aurait pu suffire pour nourrir l’âme des fidèles durant notre célébration dominicale…
 
Néanmoins, notons d’abord la profession de foi d’Israël dans le texte du Deutéronome.
Notons que cette profession de foi est intrinsèquement liée à son histoire, c.-à-d. à son appel à la vie comme peuple et à se maintenir comme peuple sur une terre donnée.
 
Cela nous permet de mesurer la signification et la portée de cette confession.
 
Il s’agit donc d’une profession de foi existentielle, quelque chose d’enraciné dans la chair.
 
Par-là, nous comprenons que la profession de foi  ne peut pas se réduire à l’affirmation d’une formulation théologique qui pourrait paraître théorique.
 
En conséquence, il est souhaitable que la relation à Dieu ou au Christ fasse vivre des dimensions concrètes de notre existence. Dieu est une réalité concrète de la vie.
 
De la sorte, à l’instar d’Israël, nous avons d’où nous venons et nous savons comment avancer pour aller là où nous y sommes invités.
 
Vient ensuite la pièce maîtresse de la célébration, le récit dit des ‘tentations’ du Christ ou des ‘mises à l’épreuve’ du Christ avant d’entamer la phase de sa vie pastorale. Il advient après 40 jours dans le désert. Quarante est le nombre de la purification.
 
Il y aura toujours des questions sur la réalité du mal personnalisé, appelé le Satan ou le diable.
 
Dans ce contexte, c’est le charisme et l’expérience de chacun qui permettent d’y répondre et de faire la différence.
 
En tout cas, le texte biblique le nomme « le dévoreur », celui qui dévore et met en pièces, « l’accusateur », « le satan »
Merci à l'auteur de cette image
La violence, l’ego, l’envie, toutes ces inclinations de l’homme mènent à la destruction.
Le diable lui, accuse, dénonce, cherche la faille dans l’homme afin de provoquer sa dislocation, afin de le défigurer, d’abolir la ressemblance avec Dieu.
 
Notre actualité nous livre sur un plateau ce que peut être la violence, être sous l’emprise de l’ego qui mène à tous les maux.
Le texte biblique évoque trois items à partir desquels le diable formalise ses invitations: la gloire matérielle, le pouvoir politique qui est la gloire par excellence et le déni des limites humaines, ou le fait de se prendre pour un petit dieu.
 
Jésus répond chaque fois par une citation des Écritures.
 
La troisième fois, le diable, lui aussi, se met à citer les Écritures afin de fonder ses dires.
 
On croit que la vérité alternative ou le fait de faire dire aux écritures ou aux événements ce que l’on veut est un phénomène contemporain. Il n’en est rien !
La vérité alternative est la manière de procéder du diable qui cite les Écritures à son tour, mais en leur donnant un sens bien personnel pour parvenir à ses fins. Le drame du jardin d’Eden est un exemple type.
 
La vérité alternative est l’arme absolue de tous les dictateurs et populistes qui parviennent à captiver l’attention de leur auditoire et cela depuis toujours.
 
Poutine veut faire passer Macron pour un nouveau Napoléon, alors que le Napoléon actuel se nomme Poutine.
Trump veut instiller que la solidarité entre les USA et la France est en fait unidirectionnelle et non pas réciproque. Il feint de ne pas connaître l’histoire de son pays quand cela le sert, ce qui lui permet de mieux entraîner ses suiveurs dans l’amnésie collective.
Trump et Poutine ne sont pas le diable en personne. En revanche, ils semblent bien connaître et mettre en pratique les codes de leur maître.
 
Voilà pourquoi, pour rester à la suite du Christ, il faut être solidement enraciné en lui. Nous revenons à la profession de foi existentielle, une réalité qui doit être enracinée dans la chair, à l’instar de l’enracinement du Christ en Dieu, puisqu’il est Dieu lui-même.
 
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Dt 26, 4-10 ; Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13
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