Merci à l'auteur de cette imageAvec cette fête de Pierre et Paul, nous célébrons l’Église ; nous rappelons la structure de l’Église, une réalité vivante.
Nous avons l’image du temple avec ses fondations, ses colonnes et sa toiture.
La fondation, c’est le Christ lui-même. Parmi les colonnes, il y a les deux apôtres dont nous faisons mémoire aujourd’hui.
Ils sont très différents l’un de l’autre.
Pierre est un prédicateur. Il a le verbe facile. Paul est un fondateur de communautés. Il est moins agile avec le verbe. En revanche, il maîtrise l’art épistolaire et c’est ainsi qu’il continue d’accompagner à distance les communautés qu’il a fondées.
La trajectoire des deux apôtres converge, car ils sont mus par le même Esprit Saint.
Chacun signe sa fidélité au Christ par le don de sa vie, quand l’heure est venue ; la preuve queDieu les a délivrés peu à peu d’eux-mêmes.
C’est ainsi que Pierre est libéré de sa prison par l’ange du Seigneur en passant devant les postes de garde sans être vu.
« Par une nuit obscure
pleine d’angoisses et enflammée d’amour,
Oh ! L’heureuse aventure !
Je suis sortie sans être vue Quand ma demeure fut enfin apaisée. » (Nuit Obscure, strophe 1)
Voilà un écho de libération, celle de Saint-Jean de la Croix, tiré de son poème La Noche oscura, composé par le frère carme peu après son évasion du cachot de Tolède.
Puisque l’Église est un temple vivant, alors à chaque époque, il faut de nouvelles colonnes.
Ce qui est dit dans le temple, c’est toujours le même Esprit qui le dit en notre cœur dans la mesure où il en a fait sa demeure. Être habité par l’Esprit est probablement le don le plus précieux que l’on peut recevoir.
En somme, il y a de grandes colonnes et des petites. Il y a des colonnes porteuses et des colonnes harmoniques. Chacune joue son rôle.
De fait, l’Église repose sur nos épaules, sur les épaules de celles et ceux qui se reconnaissent dans cette communauté.
Aussi, il n’est pas nécessaire de se gargariser du mot « synodalité » comme s’il s’agissait d’une innovation, alors que c’est la réalité de base de l’Église. En conséquence, il suffit de laisser à l’Église la possibilité d’être ce qu’elle est pour qu’elle exprime sa collégialité.
Pierre et Paul sont des personnes très différentes à tous les points de vue, mais c’est l’Esprit qui fait leur unité.
Leur différence nous permet de comprendre l’unité de l’Église et dans l’Église.
Cela signifie que la diversité est originelle. Elle est incarnée par la diversité de charismes, de talents, de théologies, de rites, etc.
Pour vivre l’unité, il faut que chacun retourne au Christ. Il faut que chacun devienne une demeure de l’Esprit. C’est ainsi que l’on reconnaîtra l’autre, que l’autre deviendra quelqu’un digne de foi, au moins sur ce plan.
Enfin, le temple est le lieu d’où l’on regarde le monde.
Tout commence avec le regard. Il peut être un regard de bienveillance, un regard de compassion, un regard d’admiration, car il y a de la beauté dans le monde, même si la laideur (injustice) blesse notre attention et tend à la retenir.
Habité par l’Esprit, chacun devient aussi un temple, un lieu d’où il regarde le monde. Cette prise de conscience nous amène à rendre grâce pour le temple que chacun est, et aussi pour le temple qu’est l’Église.
L’Action de grâce nous mène à l’action pour apporter de la beauté dans le monde, pour appeler le beau sur le monde par notre prière.
L’Action de grâce doit précéder l’action, car cet ordonnancement nous permet de voir, de regarder d’une certaine manière.
Dans cette configuration, on n’est plus seul dans l’action ou en son nom propre ; on devient un envoyé.
L’action dans le monde pour contribuer à la beauté dans le monde peut être exprimée dans une prière à l’instar de celle de François d’Assise : « là où est la haine, que je mette l’amour ; là où est l’offense, que je mette le pardon.
Voilà une manière typiquement chrétienne de regarder le monde et d’agir.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
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