Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui le premier dimanche de carême de l’année liturgique C. La première lecture est tirée du livre du Deutéronome (Dt 26, 4-10). La deuxième lecture provient de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (Rm 10, 8-13). Nous lirons l’évangile selon saint Luc (Lc 4, 1-13).
Ces lectures nous invitent à être vigilants afin de vaincre les tentations, à l’instar de Jésus.
Dans la première lecture, Moïse invite le peuple à exprimer sa reconnaissance envers Dieu qui l’a délivré de l’esclavage d’Egypte. « Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés », ont-ils confessé. Aujourd’hui, nous aussi sommes des esclaves du péché et devons-nous en libérer. Le carême est un temps privilégié pour briser nos liens de servitude. Tout comme le peuple d’Israël a crié vers le Seigneur pour être libéré, il nous revient aussi de demander constamment son secours dans la prière. En effet, Jésus avait invité ses disciples à prier afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation (Lc 22, 40.46).
Une autre manière de lutter contre la tentation et le péché, c’est de nous mettre à l’écoute de la parole de Dieu. Dans la deuxième lecture, saint Paul affirme que la parole de Dieu doit habiter notre cœur pour être proclamée à travers notre bouche. C’est cela que nous voyons aussi dans l’évangile où Jésus vainc le Diable par la force de la parole. Il est vrai que le Diable, lui aussi, a recouru à la parole. Cependant, celle-ci ne provenait pas de son cœur mais plutôt de sa tête car il n’y croit pas. Il instrumentalise plutôt la parole pour tromper et désorienter. Mais pour Jésus, la parole est une force lorsqu’elle est dite dans la vérité ! Il nous revient de nous familiariser avec les saintes écritures, selon l’Esprit de vérité, afin de nous y référer régulièrement. Ne tombons pas dans le piège d’instrumentaliser la parole de Dieu pour nos propres intérêts.
Les trois tentations de Jésus concernent le pain, le pouvoir et les honneurs. Il s’agit des réalités auxquelles nous sommes régulièrement confrontés. L’appel ici est de savoir chercher notre pain quotidien sans dévier de la volonté de Dieu. Mieux vaut rester affamé comme Jésus plutôt que de trahir les commandements de Dieu dans le but de jouir des biens matériels. Quant au pouvoir, le Diable prétend qu’il lui appartient de l’accorder à qui il veut. En fait, tout pouvoir fondé ou obtenu par le mensonge et la ruse est voué à sa ruine car il ne vient pas de Dieu. Jésus a refusé le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir pour dominer, au lieu de servir par la seule force de l’amour. Enfin, par rapport aux honneurs, Jésus a suivi la voie de l’humilité. Il n’a jamais cherché à se mettre au-dessus de Dieu. Le Diable a placé Jésus au sommet du temple comme pour lui demander de se mettre au-dessus du pouvoir de Dieu. Jésus a refusé de mettre Dieu à l’épreuve. Il a préféré se soumettre à Dieu dans l’obéissance et ainsi accomplir sa volonté jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à en mourir. De la même manière, Satan suscite souvent en nous la tentation de l’orgueil pour nous pousser à nous considérer comme étant plus grands et plus importants que les autres, et en définitive, pour nous pousser à nous comparer à Dieu. Face à une telle tentation, nous devrons accepter notre condition d’homme, au même titre que les autres. N’oublions pas cette mise en garde de Jésus : qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé ! (Lc 14, 11).
A la lumière de ces lectures, demandons au Seigneur de nous aider, en ce temps de carême, à vaincre les tentations en gardant sa parole dans nos cœurs et en recourant sans cesse à la prière, amen.
Dt 26, 4-10 ; Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13