Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Trinité 2024 - Dimanche 26 mai 2024

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 25 Mai 2024, 13:11pm

Catégories : #homelie_cazalis, #homélie_cazalis, #Homélies

Après Pâques et Pentecôte, le moment est venu de tirer les enseignements sur l’étape à laquelle le Christ a amené la Révélation de Dieu, qui de toute évidence, s’est déployée dans l’histoire et de manière progressive.
Car, de toute façon, nous ne saurions pas la recevoir en son entièreté et d’un seul coup.
Il fallait des siècles d’évolution culturelle pour y parvenir, avec toujours le risque de prendre l’état présent pour l’état définitif et de s’arcbouter sur l’inaccompli.
La méprise est compréhensible et sa possibilité nous exhorte à rester ouverts au déploiement de la Révélation, comme nous devons rester ouverts à la vie.
Donc, au commencement, il y a la Révélation du nom de Dieu ou du visage de Dieu, et cela, à un peuple qui a été appelé à l’existence pour cette mission, le peuple hébreu.
La Révélation du nom ou du visage de Dieu est donc l’occasion de la formation d’un ramassis de gens en un peuple.
Désormais, ce peuple ne peut plus s’affranchir de la mission qui la constitue, à savoir, porter le nom de Dieu ou donner un visage à Dieu. Ce nom ou ce visage va lui coller à la peau, quoi qu’il fasse.
Porter le nom de Dieu ou le visage de Dieu ne s’est pas fait sans lutte, car il fallait s’affranchir des premières représentations du monde qui lui donnaient un sens, une cohérence et une manière de conjurer l’adversité, car, nous, êtres humains, nous sommes des êtres de sens, nous sommes des êtres symboliques, nous avons besoin de médiations pour agir dans et sur le monde.
Les cosmovisions avant l’avènement de la Révélation étaient toutes formatées dans une forme de polythéisme. Il faut se souvenir de tous les passages de la Tora où il est exhorté de se détourner des idoles, car le Seigneur est l’unique ; il n’y en a pas d’autres.
Le polythéisme et ses rituels étaient solidement ancrés dans l’imaginaire des gens de la Mésopotamie ancienne.
Chez les Romains, le rituel sacrificiel utilisait des animaux, des bovins en général. Chez d’autres peuples, comme les Nazca, une culture précolombienne du sud du Pérou, - peuple qui a produit les fameux géoglyphes, ces structures monumentales au sol qui ne sont discernables que depuis l’espace, - chez les Nazca donc, il y avait des sacrifices humains, parfois librement consentis, car c’était un honneur d’offrir sa vie pour la divinité.
La puissance de l’offrande est proportionnelle à sa valeur. À la limite, pour se sauver ou pour honorer la transcendance, il faudrait se sacrifier soi-même. De là apparaît une contradiction interne au rituel sacrificiel.
L’évolution culturelle était déjà en train de faire son travail de sape par la prise de conscience de l’impuissance du sang d’un ruminant à sauver qui que ce soit.
Alors, s’il en était ainsi, ce n’était plus vers un quoi qu’il fallait nous tourner, mais vers un qui. En effet, nous avions fait le tour des quoi ; ils étaient dénués de puissance. Seul un qui, un visage pouvait répondre à notre regard, seul un visage pouvait désormais être digne de foi.
Dieu prend la direction du monde pour se présenter, pour se révéler ; sans doute, était-il désiré.
Le Christ est apparu, quand le temps fut venu, pas avant, pas après, pour amener la Révélation à sa vitesse de croisière et pour que l’humanité parvienne également à sa vitesse de croisière, jusqu’à l’accomplissement du monde.
Autant dire nous devons rester ouverts au déploiement de la Révélation, comme se déploie l’évolution culturelle.
Je commence à établir un lien entre la révélation implicite de l’identité humaine et l’évolution culturelle ; ce n’est pas la moindre des révélations. En effet, les hommes savent qui ils sont. Le nom que se donnent les peuples, comme Inuits, Apache, Dogon, etc. signifient plus ou moins, les hommes. Seule l’humanité connaît cette fulgurance en matière d’évolution culturelle.
Quoi qu’il en soit, avec l’étape de la Révélation apportée par le Christ, le nom de Dieu ou le visage de Dieu s’est complexifié en s’approfondissant.
Désormais, nous nommons Dieu d’après le vocabulaire utilisé par le Christ : Père, Fils et Esprit. Nous voyons le visage de Dieu dans celui du Christ : « Philippe, qui m’a vu, a vu le Père ».
Merci à l'auteur de cette image
Nous chrétiens, nous devons respecter le nom et le visage de Dieu dans notre manière d’agir, dans notre manière d’être, car nous ne pouvons pas nous affranchir de cette identité. Elle nous colle à la peau. Au cours de ces deux millénaires, les chrétiens n’ont pas toujours été à la hauteur du nom et du visage qu’ils sont censés incarner.
La fête de la Trinité est l’occasion de nous rappeler la noblesse de notre identité et celle de notre mission qui en est coextensive, mission qui est d’enseigner les nations et de les immerger dans le nom du Père, du Fils et de la Spiration sainte.
Le Christ nous dit, je suis avec vous dans cette mission, dès maintenant et jusqu’à l’accomplissement du monde.

Le texte grec parle de fin du monde. Le texte syriaque parle d’accomplissement du monde.

J’aime bien l’idée d’accomplissement du monde.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Articles récents