Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Pentecôte 2023

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 27 Mai 2023, 12:58pm

Catégories : #homélie_cazalis

Nous avons trois textes complémentaires pour célébrer la Pentecôte.
 
Le récit de Luc* dans les actes des apôtres est probablement le texte que nous avons en mémoire.
En arrière-fond du texte de Luc, nous avons la fête de la Pentecôte juive, c.-à-d. la fête du don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï avec une théophanie, une manifestation de Dieu qui fait trembler la montagne dans la nuée.
Les juifs de la diaspora sont venus nombreux pour célébrer cette fête et Jérusalem grouille de monde, d’où la véritable ambiance Babel qui y règne à cause des diverses langues parlées en même temps.
 
Chez Luc, nous avons une autre théophanie avec le coup de vent et surtout la langue de feu qui se divise pour se reposer sur chaque disciple.
 
Merci à l'auteur de cette image
Le feu est le symbole de la sainteté de Dieu. La sainteté de Dieu repose désormais sur chaque disciple. L’Esprit n’est plus à côté d’eux, mais en chacun d’entre eux.
Voilà l’événement que le Christ avait promis.
 
L’événement produit un changement significatif dans la foule. Au lieu du brouhaha des langues différentes apparaît la syntonie, car ils se reçoivent cinq sur cinq ; il n’y a plus de pertes.
Dans la scène, les gens sont désormais accordés, ou l’Esprit est l’accord des gens, et chacun entend dans son dialecte ce que racontent les autres dans leur langue respective.
 
La Pentecôte accomplit plusieurs réalités en même temps.
En premier lieu, les disciples vivent l’apothéose de la révélation de l’identité de Dieu, ou l’accomplissement de Pâques.
 
En deuxième lieu, l’Église est créée. Sur ce point, Paul nous rappelle que « personne n’est capable de dire que Jésus est Seigneur si ce n’est dans l’Esprit ».
Évidemment, on peut toujours prononcer la phrase, mais la confesser est une autre affaire. Pour que ce que nous disons de Dieu soit véridique en notre bouche, il faut que la sainteté de Dieu repose sur nous.
 
Sur ce point, il n’y a que les ‘esprits impurs’, dans les évangiles, à prétendre connaître qui est le Christ. « Nous savons qui tu es », disent-ils.
Jésus leur répond, « taisez-vous, retournez à votre néant ».
 
Donc, sans la sainteté de Dieu, il n’y a pas d’Église qui tient la route.
En troisième lieu, l’Esprit permet à chacun de s’exprimer selon son charisme.
L’Esprit nous montre que la diversité est ordonnée à la syntonie pour que se produise le silence qui permet l’écoute.
Voilà le chemin qu’indique l’Esprit, la voie que nous devons trouver comme Église et la suivre. En effet, s’accorder est non seulement un travail, mais il faut encore le vouloir.
 
Alors, Luc n’a pas l’intention de remplacer la Pentecôte juive par la chrétienne. Au cours de l’histoire, il y a d’abord le don de la Loi.  Maintenant, le temps du don de l’Esprit est venu. Le chemin de croissance incorpore le précédent sans l’abolir. La Révélation se déploie dans le temps.
 
On pourrait d’ailleurs voir le don de l’Esprit comme l’intériorisation de la Loi. Je dis « comme ». En effet, si Dieu agit par la Loi, l’Esprit, c’est Dieu. L’Esprit, c’est l’Amour.
 
La Pentecôte de Jean** se situe avant l’Ascension. Ce récit attire moins notre attention vu la flamboyance du récit de Luc. Néanmoins, Jean semble nous dire que c’est l’Esprit du Christ. C’est lui qui souffle sur les apôtres. Quand la Pentecôte de Luc s’enracine dans Exode 19-20, celle de Jean marque la nouveauté continuatrice. Les deux se complètent. Nous sommes toujours dans l’identité de Dieu que nous révèle le Christ, lui qui est désormais la porte d’entrée du connaître, du demeurer et de l’agir selon Dieu.
 
L’Esprit procède du Père et du Fils. La notion de spiration, le mode de procession de l’Esprit, est une divergence historique avec les orthodoxes, même si des réglages théologiques ont été réalisés depuis pour distinguer la Trinité ad intra ou ad extra. Néanmoins, comment dire l’inconnaissable ?  A-t-on le droit de se séparer au sujet de l’inconnaissable ?
Voilà pour l’identité de Dieu, on pourra en dire davantage à la fête de la Trinité.
 
Pour l’heure, voilà le chemin que Dieu prend pour se révéler et opérer l’accomplissement simultané de divers mystères qui se répondent.
 
La vérité s’entend à cause de la syntonie qu’elle engendre.
 
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Nb : 
*La Pentecôte de Luc: Actes de apôtres 2, 1-11, car c'est Luc qui a écrit ce livre également en plus de son évangile.
**La Pentecôte de Jean : Jean 20, 19-23.
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