Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur — Année B, 23/03/2024

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 23 Mars 2024, 11:17am

Catégories : #homélie_cazalis, #homelie_cazalis, #Homélies, #Rameaux

Merci à l'auteur de cette image

Merci à l'auteur de cette image

La liturgie du jour telle qu’elle est construite traditionnellement, les Rameaux et la Passion, nous fait passer de la joie au silence.

Certaines communautés paroissiales ont fait le choix de célébrer le dimanche des Rameaux et de laisser la Passion pour le Vendredi saint qui est son jour idoine.

Célébrer le dimanche des Rameaux afin de consacrer cette eucharistie à la reconnaissance de la foule au Christ pour ce qu’il a fait pour des particuliers et pour la foule durant sa période pastorale.

S’il a guéri certains, libéré d’autres de l’emprise d’esprits immondes, ramené à la vie des troisièmes, il est surtout resté de longs moments avec la foule.

Il l’enseignait et ses paroles étaient une nourriture. Sa présence était un bienfait, à telle enseigne que la foule ne voulait pas partir. La foule ne voulait pas vivre l’arrachement qui consistait à être séparé de lui.

Il est bon de prendre le temps, ne serait-ce que celui d’une célébration, pour faire la relecture des actes du Christ lors de sa période pastorale, quand il a visité la Terre en personne et cela avant la Passion.

Il est bon de séjourner dans ces événements, de s’en imprégner afin d’en profiter avant que n’intervienne notre grande capacité d’oubli.

Ainsi donc, il y a d’abord la joie, la joie de la reconnaissance. Elle correspond à l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem. La foule manifeste sa gratitude au Christ, même si la foule n’est pas bien au clair sur l’identité du Christ. Elle ne se rend pas compte de la grâce de le voir en personne, de l’entendre, de le toucher.

Néanmoins, la foule manifeste sa gratitude à celui qui lui a rendu sa liberté ; celui qui a un langage de disciple et sait réconforter les épuisés.

Il les a aussi libérés du lourd fardeau de l’amoncellement d’observances en exfiltrant la loi captive de ses filets.

Jésus rappelle que la relation avec Dieu est simple. Aime Dieu et aime ton prochain comme toi-même. Rien de plus.

Paul de Tarse n’a pas eu la grâce comme la foule de le connaître en personne durant sa période pastorale, mais il a eu une autre grâce. Le Christ s’est déplacé pour lui, pour le sauver de l’erreur et le mettre sur le chemin de la vie.

Alors, Paul a toutes les raisons du monde de rendre témoignage. Paul affirme que tout genou doit fléchir devant celui qui l’a sauvé de la perdition.

Jean Baptiste avait déjà exprimé la grandeur du Christ en disant qu’il n’était pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.

Le Christ est celui que Dieu exalte, celui que Dieu met devant lui, afin que nous le voyions, et qu’en le voyant, nous voyons le Père céleste pareillement.

Le Christ est celui que le Père céleste met devant lui, donc devant nous.

Le Père nous voit par lui, et nous voyons le Père à travers lui.

Il draine le péché et la souffrance du monde. Il prend tout sur lui afin de nous présenter au Père à la manière du bon larron. Il a pris sur lui les péchés de cet homme afin qu’il soit avec lui auprès de Dieu.

Le Christ nous empêche de nous faire un Dieu selon notre désir, et ainsi de permettre à Dieu de venir jusqu’à nous, mais lui-même, en personne, non pas un avatar de notre fabrication.

Voilà d’ailleurs l’une des façons d’éviter de glisser dans l’idolâtrie malgré soi.

Ce n’est pas que l’idolâtrie soit une faute, chacun est libre de choisir sa transcendance, sauf qu’avec l’idolâtrie, on se tourne vers soi-même croyant se tourner vers Dieu ; c’est là que se loge la méprise.

Dans le texte de la Passion de Marc, le silence du Christ attire l'attention.

Ses accusateurs sont réduits à répondre à leur propre monologue.

Ils n’ont pour réponse que le visage du Christ, le miroir qui les font voir qui ils sont.

Si chacun des accusateurs osait regarder ce visage, alors chacun s’en irait de son côté, se cacher pour pleurer, comme Pierre au troisième chant du coq, des larmes qui seraient un chemin de salut.

La dernière parole du Christ est adressée au Père du ciel. Sa dernière parole est le souffle qu’il rend ou l’Esprit qu’il remet au Père, car tout est désormais accompli.

Il peut maintenant se poser.

Il peut se poser en terre, jusqu’à l’heure dite.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Articles récents