Pentecôte 2024
Nous célébrons la Pentecôte, le premier don de l’Esprit à l’Église. Pourtant, il ne s’agit pas d’une commémoraison, car le don de l’Esprit est un événement du présent.
Nous pouvons retenir 4 points pour notre méditation : le contexte, la symbolique de la flamme de feu, l’Esprit et l’ouverture des sens des témoins et l’exhortation à vivre sous la mouvance de l’Esprit.
1-. Du point de vue historique, l’événement a lieu lors de la fête de Shavouôt, 7semaines après la Pâque, soit 7x7 jours, donc le cinquantième jour de Pâque ou Pentecôte. En cette occasion, les Hébreux rappelaient le don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. Shavouôt est l’une des trois fêtes de pèlerinage à Jérusalem avec Pâque et la fête des Tentes.
Autant dire qu’à ce Shavouôt, il y avait beaucoup de monde à Jérusalem y compris les juifs de la diaspora, parlant d’autres langues que l’araméen. Le premier don de l’Esprit aux chrétiens a donc lieu dans ce contexte, en présence de témoins non chrétiens.
2-. La symbolique de la flamme. L’actualité nous offre sur un plateau une métaphore de la flamme qui se divise pour se reposer sur chaque disciple.
La métaphore nous vient de la flamme olympique allumée à Olympe. La flamme unique arrive à Marseille et provoque beaucoup de joie et de fierté dans la population. Les stigmates attachés à cette ville sont momentanément oubliés et les Marseillais expérimentent ce qu’ils aimeraient vivre en permanence.
Par la suite, la flamme se divise en se transmettant aux diverses torchères. Les porte-flambeaux vont alors parcourir tout l’hexagone et les Outre-mer. Il s’agit toujours de la même flamme qui a le pouvoir de se diviser à l’infini sans jamais s’affaiblir.
Son arrivée dans une nouvelle localité suscite la même émotion et la même joie chez ceux qui sont ouverts à l’événement.
Bien entendu, il y a toujours des sceptiques, des rabat-joies, voire des opposants. La même réalité est relatée dans les Actes des apôtres où d’aucuns disent, en entendant les disciples en des langues étrangères, que ces gens sont pleins de vin doux. L’alcool les rend polyglottes…
3-. Le don de l’Esprit et l’ouverture des sens. Le don promis par le Christ s’est réalisé. Ne l’oublions pas, il est de la nature de la parole de Dieu de s’accomplir. Voilà la base la plus sûre sur laquelle nous pouvons bâtir.
Notons ensuite ce qui se produit chez les témoins non chrétiens venus de la diaspora. Il s’agit d’une ouverture des sens au point que chacun entend les paroles des disciples dans sa propre langue. Voilà le summum de la communication, c.-à-d., l’ouverture des sens pour comprendre autrui, pour s’entendre au sens profond du terme. En d’autres termes, quand Dieu s’approche de vous, vos sens s’ouvrent. Voilà la réalité que nous vivons quand nous prenons conscience de notre vocation. Cette dernière est exprimée dans une langue qui n’est pas la nôtre. Pourtant, nous la recevons 5/5.
En conséquence, sous la mouvance de l’Esprit, notre entendement dépasse ses capacités habituelles. Voilà une information importante à noter.
Voilà également un signe donné aux témoins ainsi qu’aux disciples. Ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas vécu cette expérience qui est de l’ordre de l’intime.
4- Exhortation à vivre sous la mouvance de l’Esprit. Le récit nous amène maintenant à l’exhortation à vivre sous la mouvance de l’Esprit et non plus sous la loi de la chair.
Il ne s’agit pas d’une exhortation morale, faut-il le rappeler, mais d’un appel, à nous humains, nous qui sommes capax dei, à désirer ce pour quoi nous sommes faits.
Il ne s’agit pas non plus de jeter la chair aux orties, car la chair est la base de la vie animale, végétale et microbienne. Ces entités vivent selon la justice de leur état. À nous d’en faire autant.
En effet, nous humains, nous ne parvenons à la vitesse de croisière de notre état que sous la mouvance de l’Esprit. Vivre seulement sous la loi de la chair n’est pas encore vivre l’humanité dans sa plénitude. En général, sous la loi de la chair, la justice humaine demeure souvent en deçà de celle des animaux.
En fin de compte, l’Esprit nous conduit dans la mission quand il devient partie prenante de notre intimité. Quand l’Esprit n’est pas dans notre intimité dans la mission, alors il y a péril en la demeure, car nous offrons au péché un boulevard pour se pavaner.
Le Christ nous dit, « demandez et vous recevrez. Et quand vous demandez, demandez l’Esprit ».
Si vous croyez que vous n’avez pas reçu l’Esprit à la hauteur de votre désir ou espérance, alors demandez encore.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :