Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 22, 24-30 Suivre le Christ dans sa passion

Publié par Robert SAUVADET, compagnon jésuite sur 7 Septembre 2022, 20:08pm

Catégories : #Homélies

Premier livre de Samuel 8, 11-18
11 Samuel dit aux anciens d’Israël qui réclamaient un roi : « Tels seront les droits du roi qui va régner sur vous. Vos fils, il les prendra, il les affectera à ses chars et à ses chevaux, et ils courront devant son char. 12 Il les utilisera comme officiers de millier et comme officiers de cinquante hommes ; il les fera labourer et moissonner à son profit, fabriquer ses armes de guerre et les pièces de ses chars. 13 Vos filles, il les prendra pour la préparation de ses parfums, pour sa cuisine et pour sa boulangerie. 14 Les meilleurs de vos champs, de vos vignes et de vos oliveraies, il les prendra pour les donner à ses serviteurs. 15 Sur vos cultures et vos vignes il prélèvera la dîme, pour la donner à ses dignitaires et à ses serviteurs. 16 Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos jeunes gens, ainsi que vos ânes, il les prendra et les fera travailler pour lui. 17 Sur vos troupeaux, il prélèvera la dîme, et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. 18 Ce jour-là, vous pousserez des cris à cause du roi que vous aurez choisi, mais, ce jour-là, le Seigneur ne vous répondra pas ! »
PSAUME 71(72) 1-4,  12-14
Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu'il gouverne ton peuple avec justice,
qu'il fasse droit aux malheureux !
 
Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.
 
Il les rachète à l'oppression, à la violence ;
leur sang est d'un grand prix à ses yeux.
 
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 22, 24-30
24 Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? 25 Mais il leur dit : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. 26 Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. 27 Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. 28 Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. 29 Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. 30 Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
De la Cova Saint Ignace des mosaïques par Rupnik

De la Cova Saint Ignace des mosaïques par Rupnik

Commentaire :
         La croix est tout un symbole déjà au sens le plus commun… "marquer les choses d’une croix… c’est quelque chose, un moment crucial etc" Il en va bien évidemment de même pour notre foi chrétienne dont la croix est le point central, fondamental, incontournable et de ralliement. N’est-il pas saisissant en méditant ce passage de l’évangile qui se situe juste à ce moment "clef" de la vie du Christ parmi nous, juste après qu’il ait posé le signe essentiel, fondamental de l’eucharistie, et juste avant d’entrer dans sa Passion… n’est-il pas saisissant de voir un contraste impressionnant avec ce qui pourrait sembler une préoccupation bien futile et centrée sur eux-mêmes dans le questionnement des Douze pour savoir qui est le plus grand ? Mais le fait que l’évangéliste nous le rapporte n’est-il pas le signe que justement se situe là l’enjeu de l’évangile, l’indication de ce qu’est ce grand mystère de la Croix, scandale pour les juifs, folie pour les païens… un renversement complet des valeurs, de ce que au fond l’homme recherche toujours… la question incontournable de la recherche des honneurs et du pouvoir (cf "les deux étendards" d’Ignace). Cette préoccupation du pouvoir, de la maîtrise des choses et des autres, inscrite même dans le projet divin de la création qui est confiée à l’homme (Cf Genèse 1) est au cœur de la vie humaine. Elle peut même se déguiser de façon "désordonnée" dans une volonté de service… Dans sa parole Jésus pointe du doigt les hommes de pouvoir dominateurs qui se font appeler bienfaiteurs et met en garde ses disciples… N’avons-nous pas dans l’histoire humaine l’exemple de bien des dictateurs qui ont eu cette prétention pour se justifier ? Cette préoccupation ne la voyons-nous pas aussi évidente dans tous les débats politiques et économiques de notre époque qui alimentent nos média ?
         La Passion et la Croix viennent mettre le signe de contradiction par excellence à cette prétention ou plus positivement à ce "projet"… Le roi de justice et de paix tant attendu affiche sur la croix un échec apparent… Rappelons-nous l’histoire de Samuel qui, à la demande de Dieu, va satisfaire la demande du peuple d’avoir un roi "comme les autres nations", parce que dit Dieu "c’est moi qu’ils rejettent et ils ne veulent plus que je règne sur eux"…(1Sam 8, 7) Mais dans le passage ci-dessus il les avertit justement de la déception que sera cette expérience… Toute l’histoire d’Israël manifestera l’ambiguïté de la recherche du pouvoir… Nous savons combien la question habitait Ignace toujours soucieux après sa conversion de déceler en lui et dans ceux qui s’exercent spirituellement la recherche de la vaine gloire…
         Le renversement apporté par Jésus, c’est qu’il annonce pourtant bien aux Douze qu’ils siégeront sur douze trônes, comme des symboles d’une royauté partagée avec lui… Mais, il y a un mais… cela ne peut être qu’en partageant sa croix. Cela ils ne l’ont pas encore compris, malgré les enseignements de Jésus qui l’ont dit clairement… C’est justement le passage par l’épreuve imminente de la Passion et de la mort du Roi qui le permettra puis surtout leur vie à sa suite, dans ses pas qui leur enseignera peu à peu… Le geste du lavement des pieds devra aussi y aider… mais avec le temps : "tu comprendras plus tard" dit Jésus à Pierre qui résiste de toute ses forces…
 
N’en est-il pas de même pour nous ? Les exercices spirituels nous invitent à une vigilance, à un examen de ce qui nous anime, à être attentifs à nos motivations profondes, dans nos nos engagements actuels, dans nos désirs de servir matériellement et même, et peut être surtout, spirituellement… pouvons-nous y déceler des traces de véritables pauvreté et humilité ? ou du moins du désir profond de les vivre en regardant le Christ ?… Nous nous rappelions hier la place de la méditation sur les trois degrés d’humilité… Telle peut-être ou devrait-être toujours notre première demande de grâce précédant tous nos choix petits ou grands...
Robert SAUVADET, compagnon jésuite
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