Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Pâques 2022

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 16 Avril 2022, 15:03pm

Catégories : #homelie_cazalis

Lien d’information de la paroisse Saint-Paul, Namur, Belgique, Numéro 10 : avril 2022

La nuit de Pâques est une nuit de perplexité. Le texte de Luc est bien choisi pour nous suggérer ce sentiment, la perplexité de Pierre devant le tombeau vide.

Au début, il trouve le propos des femmes délirant. Il veut voir de ses propres yeux pour avoir le cœur net. Et c'est là qu'il passe du délire à la perplexité.

La perplexité advient quand la réalité vous met à la question.

Les faits vous disent : que croyez-vous ? Que comprenez-vous ? Que pouvez-vous mobiliser de votre mémoire et de vos connaissances pour lever l’absurde de la situation présente ?

Revenons au début du récit. Des hommes éblouissants disent à Marie Madeleine, Jeanne et Marie la mère de Jacques «  le fils de l’homme a été livré aux mains des pécheurs. C’était inévitable. Ils le mirent à mort. C’était leur désir le plus ardent. Mais le troisième jour, il a transcendé la mort  ».

Ce dénouement était imprévisible, impossible et il plonge dans la perplexité tous ceux qui ne savaient pas ce que signifie «  être vivant  » ou «  être un vivant  ».

Voilà d’ailleurs ce que disent les hommes éblouissants aux femmes : «  pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts  ?  »

Auparavant, les morts étaient les êtres les plus durables. Maintenant, les hommes éblouissants disent que ce sont les vivants qui sont les êtres les plus durables.

Les malfaiteurs et les petits potentats croient à la souffrance, ou au pouvoir de la souffrance. Ils croient qu’avec le pouvoir de la souffrance qu’ils détiennent, ils sont ou vont devenir les maîtres du monde, car ils vont pouvoir soumettre autrui, à moins qu'ils ne croient pouvoir incorporer la vie de ceux qu'ils soumettent.

C’est là qu’ils se trompent, car ces vies chaque fois leur échappent.

Les petits potentats ne croient pas en la vie, car la vie dépasse la souffrance, parce que la vie est première, parce que la vie est originaire. Voilà pourquoi ces gens sont en fait de piètres ignorants.

Les hommes éblouissants nous disent sans le dire que nous devons croire en la vie.

Être vivant signifie déjà d’avoir brisé le néant. Mais ce n'est pas encore la fin de l'histoire. Nous devons aussi croire en la vie que nous sommes, c.-à-d. comprendre jusqu'où elle va, comprendre sa puissance originaire.

Le parcours du Christ montre que la vie passe par une phase de perplexité où le vivant est amené à se remettre, à remettre sa vie, à se remettre à Dieu, pour que Dieu le lui redonne.

Se remettre est l’acte le plus risqué qui soit, car on ne maîtrise pas le re-don, c.-à-d. le fait d’être redonné à soi-même. Néanmoins, le mouvement de la vie est ainsi fait. La structure de la vie est ainsi faite.

Ainsi va le mouvement de la Trinité. Chacune des personnes se remet aux autres qui la redonnent à elle-même, et cela sans cesse. Ainsi se perpétue la vie. La vie est mouvement.

En outre, le re-don est la nouveauté. Le Ressuscité est un être neuf.

Voilà les êtres dont Dieu a besoin pour faire avancer la fluidité du monde. Celles et ceux qui désirent participer ou donner de leur personne à cette œuvre de Dieu sont les bienvenus.

Si vous croyez en la vie, ou si vous croyez au Christ, ce qui est la même chose, alors quand advient l’adversité, votre connexion au Christ vous permet de la traverser, quel que soit son issue.

Merci à l'auteur de cette photo

Ainsi donc, la nuit de Pâques est capitale pour le monde de la vie, car le Christ ouvre la voie qui nous révèle que la vie est première.

À sa suite, nous apprenons à vivre et notre vie cesse d’être une aventure où finalement, nous sommes seuls avec nous-mêmes, car nous avons le Christ qui est la personne qui nous connaît le mieux.

L’appel du Christ à faire des disciples dans le monde entier permet à ces derniers d’apprendre à vivre de manière libre et pleine plutôt que de se fourvoyer dans le pouvoir de la souffrance, le pouvoir du pouvoir, ou le pouvoir de la mort.

«  Apprendre à vivre, apprendre à mourir, n’oublie pas de vivre, etc.  ». Ces exhortations sont au cœur de la version soft du bouddhisme occidental, je veux dire les écoles philosophiques de la Grèce antique et ses continuatrices.

 On constate que ces gens de grande sensibilité avaient une intuition qui touchait au but.

Pour apprendre à vivre ou apprendre à mourir, il faut croire en la primauté de la vie. Ce croire nous amène tout naturellement à vouloir vivre de la vie du Vivant, à vouloir la vie à sa source même.

Nous sommes donc accordés à ce qu’est le Christ. Nous sommes donc accordés à Pâques. Il ne nous reste plus qu’à entrer dans le mouvement que le Christ instaure, ou à entrer par la porte qu'il est.

Roland Cazalis, compagnon jésuite,
éditeur responsable du bulletin Replanter 
StPaulSalzinnes@gmail.com
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