***
Jésus nous apprend la manière d’être humain et, sans cesse, nous revenons sur sa manière de vivre, de faire de communiquer pour avancer dans notre propre humanité, dans la promesse qu’elle constitue.
« Voici que nous montons à Jérusalem » Ainsi, ici, Jésus va vers Jérusalem, vers sa Passion. Mais Jésus vit cela d’une manière parfaitement humaine, il n’y va donc pas seul, il parle de ce qui lui arrive, de ce qui va lui arriver, il associe les autres, ses disciples à son propre chemin. Il le fait avec prudence, il le dit, le partage à ceux qui lui sont proches. Il dit ce qui est. Sur le chemin montant à Jérusalem, il dit à ses disciples qu’ils montent lui et eux à Jérusalem… Il autorise ainsi la parole de l’autre… qui peut se retrouver dans le constat que lui Jésus a posé.
« Que veux-tu ? » De la même manière qu’il dit ce qui est, Jésus reçoit toute question, toute parole qui s’adresse à lui. Il va à l’essentiel de la parole : ce qu’elle manifeste comme volonté et comme désir. La parole que nous échangeons entre nous est là fondamentalement pour nous aider, nous donner de pouvoir nous rassembler. Ainsi il accueille la mère des fils de Zébédée. Jésus lui donne de pouvoir exprimer son désir, tel qu’il est. Il ne tremble pas devant cette expression, il y répond, il fait avancer la relation entre eux tous. Il sait lui aussi ce qu’il veut. Il va son chemin, mais dans son chemin il y a place pour tous les autres…
« Pouvez- vous boire la coupe que je vais boire ? » Ainsi, Jésus dit ce qui est, il reçoit les paroles, les questions des autres, il appelle aussi les autres, il les questionne lui aussi. Il donne aux autres de pouvoir aller à lui, aller à sa rencontre en répondant à sa propre parole. Il crée ainsi un espace de liberté où chacun peut devenir. Il ne manipule pas l’autre, il se rapporte à lui autrement. Jésus renonce à tout pouvoir sur l’autre qui ne passerait pas par la parole libre adressée. Il ouvre ainsi une nouvelle manière d’être ensemble, à partir de la parole échangée, la sienne, la nôtre… Il donne à chacun d’éprouver son propre pouvoir d’être, de prise de parole…
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite