Les disciples de Corinthe se divisent. Il y a ceux qui sont pour Paul, ceux pour Apollos ou d‘autres. Paul les reprend : s’il vous plaît, pas de guéguerre inappropriée ! Ceux qui se prennent pour des sages et qui idolâtrant Untel contre d’autres feraient bien de devenir « fous » à la manière du Christ. Dieu a choisi en effet ce qu’il y a de fou, ce qu’il y a de honteux, de faible, redit Roselyne Dupont-Roc dans son commentaire. Le Salut n’est pas en quelqu’un dont je ferai une idole, il est dans le Christ crucifié, qui a choisi ce chemin pour ouvrir aux siens le Ciel. « Tout est à vous ». Avoir tout pour nous, ce n’est pas choisir Paul contre Apollos ou Pierre, ou l’inverse. C’est seulement désirer et choisir ce qui ouvre le ciel à tous. En y repensant, je me suis senti tout penaud, car il m’arrive de penser ou dire que « Untel, il est nul, il n’y a rien à en tirer ». Une première conversion serait de seulement dire : « je n’accroche pas à la manière qu’a Untel (de prêcher, de parler, d’agir, etc.) ». Tout est à vous, c’est quand vous tirez profit de chacun et de tout ce qui s’offre.
« Mais vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » : revenez à la Source, faites-la exister, donnez-lui de conduire vos pas. Celui qui sert n’est pas quelqu’un dont je fais un héros, c’est le Christ crucifié. Tout est à vous, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir, tout vous est confié. Gérer le monde n’est pas une revendication d’autonomie à avoir, c’est le fruit étonné du don gratuit de Dieu en son Fils transpercé qui pardonne et envoie. Cette reconnaissance est « confuse », comme Simon est confus devant la pêche miraculeuse. « Être au Christ », cette adhésion est donnée dans le geste du Christ qui se fait humanité repêchée sur la Croix. Un jour ce geste vient vous saisir !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
1 Co 3, 18-23 ; Ps 23 ; Lc 5, 1-11