Après la lapidation d’Étienne, la persécution contre l’église de Jérusalem s’est poursuivie et a provoqué la fuite de plusieurs disciples hors de la ville et hors de Judée, dont la Samarie.
Cette dispersion sera l’occasion d’annoncer le Christ dans ces contrées. Voilà donc une évangélisation non prévue et non ordonnée par les apôtres.
C’est le cas de Philippe, non pas l’apôtre, mais l’un des sept institués par les apôtres pour les aider. On y trouve dans ce groupe donc, Philippe, Étienne, Procore, Nicanor, Timon, Parmenas et Nicolas (Act 6, 5).
Il faut se rappeler la haine ancestrale entre Juifs et Samaritains.
Le mot « samaritain » était même une injure dans la bouche des juifs.
L’hostilité vient inter alia d’un schisme religieux qui envenime les relations.
Le samaritanisme, c’est l’autre judaïsme par la différence de livres contenus dans la Tora et les différences dans les versets, une différence par verset dit-on. Il y aurait beaucoup à dire sur le samaritanisme qui est un sujet de recherche passionnant.
Aujourd’hui, ils sont moins d’un millier et vivent en Cisjordanie.
Ensuite, Pierre et Jean vont prendre contact avec les nouveaux catéchumènes instruits par Philippe.
Par-là, les apôtres viennent comme pour ratifier l’action de Philippe, puisque ce dernier n’avait pas été envoyé par les apôtres évangéliser en Samarie.
Par cette visite, Pierre et Jean scellent le lien entre l’Église de Jérusalem et cette nouvelle communauté. Cela s’appelle de l’ecclésiologie, c.-à-d. comment on fait les choses dans l’Église.
Les apôtres imposent la main aux catéchumènes, et par ce fait, reçoivent l’Esprit saint, car ils ne l’avaient pas encore reçu.
À partir de là, on pourrait formuler plusieurs questions :
Comment annoncer le Christ à des gens que l’on déteste ou que l’on méprise ? C’est le cas de Philippe, puis des apôtres qui viennent ratifier son action et accueillent les catéchumènes dans l’Église.
Comment voit-on que les catéchumènes ont reçu l’Esprit ?
Comment reconnaît-on aujourd’hui la présence de l’Esprit ou l’action de l’Esprit ?
Y aurait-il un schéma normatif pour que l’Esprit soit donné ?
L’autre élément des textes qui a attiré mon attention vient de l’Évangile où des choses fortes sont dites, par exemple, la position de l’Esprit par rapport au sujet.
« Vous connaissez l’Esprit, car il est auprès de vous ».
Il est auprès de vous, comme à côté de vous, mais pas encore agissant en vous.
Cela peut nous rappeler la phrase « je me tiens à la porte et je frappe ».
Cette proximité de l’Esprit engendrerait donc le « connaître ».
« Aimer le Christ qui prie le Père d’envoyer le Défenseur qui restera pour toujours avec vous »
Cette fois, la présence de l’Esprit est intériorisée, et c’est avoir l’Esprit en soi, et de plus, pour toujours. Notons la différence.
Donc, cette fois, l’Esprit est agissant, car intériorisé. On dépasserait dans ce cas le stade du « connaître » pour celui de « l’agir ».
L’agir suppose donc le « demeurer ». Ce qui nous rappelle, « si quelqu’un m’aime, nous viendrons chez lui, et nous ferons de lui une demeure ou notre demeure ». Le Christ dit « nous, le Père et moi » ou « l’Esprit ». Le vocabulaire est interchangeable, mais la réalité est la même.
Si le Père fait de toi sa demeure et fait de moi sa demeure, alors toi et moi, nous allons nous reconnaître.
Enfin, il y a le « garder le commandement » c.-à-d. « aimer soi-même et aimer l’autre au nom du Christ »
Donc, il y a plusieurs portes d’entrée au mystère de Dieu. Toutes les portes sont équivalentes et communiquent.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20 ; 1 P 3, 15-18 ; Jn 14, 15-21