Dimanche, 4 février 2024 - 5e dimanche ordinaire, année B
La première lecture fait allusion à un épisode de la vie de Job.
Job est le personnage d’un récit écrit par un auteur après l’exil à Babylone vers le Vème siècle avant notre ère.
Cet auteur développe une réflexion sur la question du mal en la figure de la souffrance de l’innocent. Il cherche à connaître le pourquoi de la souffrance de l’innocent. Vaste sujet pour lequel nous n’avons guère de réponse vraiment ferme.
Mais parmi les tentatives de réponse, il y a l’idée de rétribution, une idée tenace selon laquelle on récolte ce que l’on a semé et même davantage en négatif.
Mais justement, le livre de Job s’élève contre cette idée de la rétribution, et cela en la personne de Job.
Job n’a commis aucune faute, pourtant il subit les pires adversités, même si ses amis tentent de le persuader qu’il a commis une faute dont il ne se souvient plus ou qu’il est trop orgueilleux pour s’en souvenir.
Par rapport à ces réalités, nous remarquons que le Christ ne fait pas de discours ou de réflexion sur le mal.
Parfois, il se lamente sur telle ou telle école d’interprétation de la Loi, en mettant à nu la mauvaise foi de certains intellectuels, ou il se lamente sur telle ou telle ville qui n’a fait aucun cas de la présence de celui qui la visitait. Il perçoit dans cette indifférence ou cette désinvolture le début de sa fin, car elle ne sait rien voir venir, le sauveur pas plus que l’envahisseur.
Sinon, ce que fait le Christ, c’est de défaire le mal et la souffrance en guérissant les malades, en chassant les démons, en libérant les gens de l’emprise des chefs religieux qui ont le pouvoir, mais n’ont pas l’autorité que seul donne l’Esprit de Dieu ; il apporte la consolation aux gens.
Voilà les marques de la mission du Christ, celles de l’action du Christ.
Ce modèle est celui que vont suivre les apôtres et c’est le modèle que doit suivre l’Église.
Annoncer la bonne nouvelle en prenant soin des gens, en les libérant des entraves, en leur annonçant leur dignité d’être humain comme enfant de Dieu.
L’état d’esprit du disciple est exprimé dans cette prière d’Isaïe :
« Seigneur, ouvre mon oreille afin que j’écoute comme un disciple
Donne-moi une langue de disciple
Pour que je sache apporter à l’épuisé
Une parole de réconfort »
Dans cette optique, la mission est un en avant sans retour. Sans retour à soi, car ce retour à soi signifierait la réclamation d’un dû pour le bon travail que l’on a fait.
Voilà ce que Paul exprime Paul dans la lecture que nous venons d’écouter. Il ne travaille pas pour un dû, même pas pour la gloire spirituelle, un retour à soi très subtile.
La mission consiste également d’aller partout où il y a des êtres humains, donc pas seulement dans son cercle familial, son cercle national, son cercle ethnique. La mission amène à sortir de chez soi.
L’Esprit du Christ nous donne justement l'ouverture d’esprit et la liberté intérieure nous permettant d'aller hors de chez nous dans le prendre soin de l’autre, quel qu’il soit, afin de lui annoncer ce qu’est l’humanité et ce que l’humanité est appelée à être partout sur la surface de la Terre.
Si celui qui reçoit le soin, la libération ou la parole de réconfort, revient sur ses pas, à la manière de l’un des dix lépreux, pour connaître celui qui est la source du réconfort, alors heureux est-il.
La source du réconfort n’est pas l’apôtre. Le disciple n’est que la voix de celui qui parle, le corps de celui qui est présent, les mains de celui qui soigne, l’attention de celui qui rend hommage.
Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Jb 7, 1-4.6-7 ; Ps 146 (147a), 1.3, 4-5, 6-7 ; 1 Co 9, 16-19.22-23 ; Mc 1, 29-39
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