Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mc 5, 1-20 : Comme Jésus, agir justement en toute situation

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 29 Janvier 2024, 09:58am

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #Evangile_réflexion, #évangile commentaire

Mc 5, 1-20 

En ce temps-là, Jésus et ses disciples arrivèrent sur l’autre rive, de l’autre côté de la mer de Galilée, dans le pays des Géraséniens. Comme Jésus sortait de la barque, aussitôt un homme possédé d’un esprit impur s’avança depuis les tombes à sa rencontre ; il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus l’attacher, même avec une chaîne ; en effet on l’avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser. Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres. Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui et cria d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » Jésus lui disait en effet : « Esprit impur, sors de cet homme ! » Et il lui demandait : « Quel est ton nom ? » L’homme lui dit : « Mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup. » Et ils suppliaient Jésus avec insistance de ne pas les chasser en dehors du pays. Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture. Alors, les esprits impurs supplièrent Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. » Il le leur permit. Ils sortirent alors de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils se noyaient dans la mer. Ceux qui les gardaient prirent la fuite, ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens vinrent voir ce qui s’était passé. Ils arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. Ceux, qui avaient vu tout cela, leur racontèrent l’histoire du possédé et ce qui était arrivé aux porcs. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui. Il n’y consentit pas, mais il lui dit : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration.

Merci aux auteurs de ces images

Ce passage de l’évangile peut engendre en nous une certaine perplexité. C’est un rien, en effet Jésus vient et Jésus repart. Il aura été dans un territoire étranger pour quelques heures sans réalisation significative et pourtant ce bref séjour a trouvé sa place dans l’évangile. Il y a peut-être à y trouver un sens pour nous, une appréciation plus juste du Seigneur qui dans une situation atypique a un comportement qui peut nous conduire à mieux saisir son style en d’autres situations.

 
Jésus surgit avec ses disciples, il fait preuve d’autorité en face du démon Légion qui l’agresse. La confrontation ne dure pas. L’état de l’homme est radicalement changé. Il retrouve son équilibre humain et sa capacité à s’intégrer à sa société. La réalité sociale pourrait être regardée bien autrement avec l’événement conjoint de la perte des porcs et la demande faite à Jésus de se retirer. Mais, et c’est à noter, Jésus, de lui-même, ne va pas plus loin, il retourne chez lui, chez les juifs, sans rien dire, sans accepter d’être suivi par l’homme restauré. La seule traine de cet événement sera le chant de remerciement de la part de l’homme à partir de lui-même, de son cœur touché et reconnaissant et il y aura un certain retentissement. Et bien évidemment l’impact que cette scène aura sur les gens qui suivent Jésus, qui la raconteront, la garderont, et du coup sur nous aussi. Alors que dire ? que retenir pour nous ?
 
Le Mode d’action de Jésus envers quiconque, juif ou païen, riche ou pauvre, homme ou femme, c’est d’abord celui d’un cœur qui réagit à la situation présente par l’aide pour restaurer l’autre dans son intégrité, comme le bon samaritain de la parabole, quelque soit celui qui est son prochain… Il est bon que nos relations soient vécues ainsi pour une large part, ce qui requiert un part de vraie disponibilité en nos agendas.
 
La non réaction finale de Jésus nous appelle à savoir ne pas aller plus loin, savoir ainsi respecter l’autre en son cheminement propre. Du coup, parfois, à nous de ne pas agir mais de contribuer d’une manière ou d’une autre, si cela est ajusté, à changer sa manière de voir la situation pour se remettre à désirer, à exercer sa liberté intérieure.
 
Prenons en bien conscience : en chacun de nous, veillent un roi, un prophète et un prêtre. Sachons leur donner leurs justes places réciproques. L’approche royale consiste en un apport par soi, changeant la situation présente à partir de son impulsion propre. Elle repose sur une autorité intérieure. L’approche prophétique, à partir d’une présentation élargie et renouvelée de la situation, délivrée aux autres, incite chacun à écouter en lui sa liberté intérieure interpellée par la nouvelle vision de la situation. Quant à la remise sacerdotale de soi et de son monde, avec l’ouverture première à l’action du créateur elle donne à la personne de pouvoir agir justement en tout, en sachant aller soit vers une attitude royale, soit vers une attitude prophétique.
C’est bien ainsi qu’a vécu Jésus jusqu’à sa mort, sachons le suivre.
 
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Articles récents