Nicodème, c’est celui, en nous, qui hésite à venir à la lumière. « Je veux y venir, mais je veux pas qu’on me voie ». Alors il vient la nuit. L’hésitation à se convertir vient de la peur qu’on aperçoive que ses œuvres ne sont pas claires. Il veut mais il n’est pas prêt. Il pressent que la vraie vie vient en demeurant en Christ, même dans un monde obscur. Côté obscurités, comme au temps du livre des Chroniques, on a ce qu’il faut aujourd’hui sur notre terre. Choisir la vie fait venir à la lumière. L’être vivant choisit de naître, car naître fait venir au jour. Cela vient en Lui. « En Lui, tout homme qui croit a la vie éternelle ». Non pas « tout homme qui croit en lui a la vie », non ; d’abord choisir de demeurer en Lui, sinon je ne trouverai que mort et mensonge. Alors, en Lui, croire m’est donné. Et croire, c’est cheminer comme le Bien-Aimé, poussé par l’Esprit. Croire fait traverser l’épreuve de l’errance, jusqu’à accueillir Dieu tel qu’il est. C’est à la Croix. Là je renonce à mes représentations de Dieu. Il n’est pas le Tout-Puissant, le Juge, à satisfaire en sacrifiant. Il n’est que Dieu. Il est Dieu, Dieu qui a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.
Alors, venir à la lumière, ou préfère les ténèbres ? A la Croix Dieu sépare le jour et la nuit. Il remet l’Esprit, et l’Homme peut naître, devenir un être vivant. En Lui. Dans la lumière supprimée par les ténèbres, une re-création émerge. « Vraiment, Celui-ci était Fils de Dieu ». Et l’homme, le centurion, devient un être vivant. Nous. Tant que je suis dans le jugement ou la peur du jugement il n’y a pas d’haleine créatrice. Dieu ne vient pas pour juger mais pour que le monde soit sauvé. Juger, il n’y a que nous pour ça. Préférer les ténèbres, c’est rester à préférer juger, même Dieu, plutôt que de l’accueillir tel qu’il est : amour, bonté pour nous dans le Christ, grâce raillée par les pécheurs. Il envoie ses messagers, des prophètes, son Unique bien-aimé. Il trouve même Cyrus, un païen, pour se redonner à son peuple en larmes, qui gémit mais qui a tout fait pour. Et Dieu vient encore.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
2 Chr 36, 14-23 ; Ps 136, Eph 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21