Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Jn 3, 14-21 ; 4e dimanche carême, année B : « au-delà du péché reconnu, mon amour est appelé à se donner »

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 8 Mars 2024, 09:53am

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #Carême, #Evangile dimanche année B

Jn 3, 14-21 
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
Merci à l'auteur de cette image
Le carême est une durée transformante. Et en ces jours notre marche devient autre. Nous sommes appelés à renouer avec le Seigneur. Reconnaissant et confessant notre péché, une nouvelle relation peut s’instaurer entre le Seigneur et nous... Jean revient sur ce moment qui s’offre à chacun de nous depuis le jour du sang versé : contempler le Christ en Croix, lui parler en vérité. Pour cela, Jean considère trois dimensions : le chemin propre du Christ en se référant à l’antique serpent de bronze, cause du salut dans le désert, la volonté éternelle d’amour du Père envers tous ainsi que notre attitude personnelle, qui se joue dans notre rapport à la vérité. Rien ne peut se passer sans l’élévation du Christ, rien ne peut se passer sans le projet éternel d’amour du Père, rien ne peut se passer sans ma libre implication. Comprendre ainsi l’étendue de la situation me conduit à entrer dans le chemin de vie. Laissons résonner trois versets.
« Ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé »
« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique »
« Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière »

 

« Ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé » Le serpent a été élevé par des mains humaines. Jésus le sera aussi sur la Croix par d’autres mains humaines, celles des juges, des bourreaux. Mais ces actions extérieures vont de pair avec une profonde évolution intérieure. Jésus, dans sa liberté humaine, dans son devenir humain, doit consentir au chemin. Consentement qui se nourrit de l’amour du Père envers lui ainsi que de son amour envers le Père, consentement qui va le transformer, le rendre capable de s’ouvrir encore plus, de pouvoir accueillir, aider, contenir chacun de ses frères, chacune de ses soeurs. Il devient capable d’une qualité d’accueil renouvelée. Vivant tout de notre vie à l’exception du péché jusqu’à la mort, sur la Croix, mort injuste, il se rend solidaire de chacun de nous, capable de nous rejoindre, de nous donner de devenir autre... L’Eglise, dans les jours qui viennent, nous proposera de suivre le chemin d’amour du Fils allant vers sa Passion envers tout homme. Ce chemin devient, pour nous, un exemple, afin de consentir, en notre propre vie, à rechercher la vérité... Le chemin de Jésus devient capacité de changement du nôtre, et mise en œuvre, la plus profonde, de la solidarité qui régit le genre humain.

 

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » Mais rien de ce que fait Jésus ne se serait fait, si d’abord il n’y avait ce dialogue entre le Fils Incarné et le Père, si le Père ne l’avait demandé au Fils, en l’appelant à cette manifestation de leur amour pour aller aux autres, aux hommes, à nous, à moi et manifester ainsi l’amour dont, tous les deux, Ils nous aiment. Dans ce mouvement, aucun jugement, une seule intention : manifester pleinement ce qu’est l’amour qui leur a donné de nous créer, amour qui ne se résout pas à notre abandon, à notre perdition... amour qui se donne jusqu’au sacrifice de lui-même... amour véritable parce qu’il donne tout, il se donne intégralement. Cette avancée devient alors un foyer qui éclaire, qui montre un chemin, indique un salut. L’amour abandonné, en se donnant encore, montre qu’il demeure le même, que rien de la haine, de la trahison ne peut le détruire, le faire dévier. Il se manifeste comme solide, fiable, digne de foi et nous rend capables de croire que cet amour est encore pour nous, malgré tout ce que nous avons fait. Nous pouvons renouer avec Lui.

 

« Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière » Voilà la situation dans laquelle nous sommes, avec le Père et le Fils incarné, bien au-delà de la perception première que nous avons de notre situation, perception marquée par notre propre sensibilité, nos propres blessures, nos propres manquements. En ces jours, il m’est proposé de me détourner de ma manière de voir, pour contempler en profondeur la manifestation de l’amour, de faire comme le faisait l’hébreu dans le désert, regarder, bouche bée, Celui que nous avons transpercé. De ce regard peut naître en moi une nouvelle parole, une nouvelle confiance, la capacité d’aller à Lui, sans rien cacher de mes actes, de mes pensées, de mon cœur malade et incapable d’amour... De ce regard, je puis sentir en moi la capacité de dire ce qui est, de reconnaître que je suis dans l’erreur, et ainsi d’aller à la vérité, d’aller à la lumière... Le chemin du Seigneur aboutit pour chacun de nous à la proposition de ce dialogue entre lui, qui est allé au bout du don de lui-même et moi dans ma contradiction. Une simple parole de ma part, un simple mouvement et tout devient possible. La nouveauté peut ranimer mon être, me donner la capacité d’aimer de manière nouvelle.

 

Aujourd’hui, je suis appelé à aimer en retour... à renaître, à aller à l’amour qui se donne.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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