4ème dimanche de carême – « Tant qu’il fait jour » (1 Sam 16, Eph 5, Jn 9)

Tant qu’il fait jour ! Mais il n’a pas l’air de faire bien jour. Un aveugle ne voit rien depuis sa naissance. D’autres ne le reconnaissent pas quand il se met à voir. Et ceux qui disent voir sont dans la nuit. Nous voici au 1^er jour de la Création : il y eut un soir, il y eut un matin. Il y a les ténèbres, il y a la lumière ; pour Paul, les distinguer est notre combat : « démasquez les activités des ténèbres ». Qu’est-ce qui mène mes intentions, mes actions, mes « opérations », dit Ignace – ce qui opère en moi – ? Une pensée ce matin me décourageait de l’Église ; c’était une activité des ténèbres. Cela produit confusion, accusation ou culpabilité, endurcissement, violence. Alors je dirige ma fougue contre la Lumière car elle révèle en moi une ténèbre que je ne veux pas voir, de peur d’avoir à me convertir…

Les disciples se sont demandé si l’aveugle l’était à cause de son péché ou de celui de ses parents. Une infirmité était signe d’une mauvaise relation au Seigneur. L’évangile déplace l’intelligence. Il y a un péché, il y a un infirme, oui, mais ce n’est pas forcément celui qu’on voit. L’aveugle-né révèle un autre aveugle, un qui dit « nous voyons » ; alors son péché demeure. Nous entrons pas à pas dans ce grand malentendu entre un peuple qui croit honorer Dieu et l’Envoyé de Dieu qui dérange trop. Qui est aveugle, et qui voit ? La ténèbre est du côté du mensonge. Entre la ténèbre et la lumière, le combat est lourd et insupportable. Je l’ai toujours eu en abomination, c’est sans doute pour ça que le temps du carême m’a souvent pesé. Et pourtant, à quelles activités je prends part ? A celles des ténèbres ou à celles de la lumière ? Il n’y a pas de demi-choix. L’onction de Dieu vient sur celui qui apparaît petit et pauvre à Jessé. Elle va venir sur celui qui apparaît petit, pauvre, et qui dérange trop, aux yeux des pharisiens. … Tant qu’il fait jour ! L’Envoyé est encore là. La nuit a jalousé et haï le jour. Elle le fera disparaître. Nuit et jour se sont confondus. Alors un bout de nuit viendra à une lueur du jour. Il y aura une nuit, il y aura un jour, Dieu les séparera. Jésus, donne-nous de tenir dans la vérité, quand tout est confus et mensonger !

Olivier de Framond, compagnon jésuite

1 S 16, 1b.6-7.10-13a ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; Ep 5, 8-14 ; Jn 9, 1-41