Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


3ème dimanche du temps ordinaire, année C - 26 Janvier 2025

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 25 Janvier 2025, 16:06pm

Catégories : #homelie_cazalis, #homélie_cazalis

Les textes du jour sont assez instructifs.
L’exil à Babylone a engendré un nouveau culte. En effet, à Babylone, il n’y a pas de Temple. Donc, le soir de sabbat, la famille se réunit autour d’un culte domestique centré sur la lecture de textes sacrés, la Tora. 
Ainsi, à l’époque où parle Néhémie, vers 398, le peuple  qui devait revenir à Jérusalem est revenu, le Temple a été reconstruit. Il est devenu possible de renouer pleinement avec le culte et les innovations issues de l’exil.
Le prêtre Esdras s’inspire du culte domestique pour faire une cérémonie publique durant la fête du 7ème mois, soit septembre-octobre, après les récoltes et les vendanges.
Il y a beaucoup de monde à Jérusalem.
La cérémonie a lieu dans un lieu des remparts, au Sud-Est, là où il y a des sources.
On nous décrit la scène qui est très solennelle. Des lecteurs se succèdent pour lire les textes en hébreu, et comme les gens ne comprennent plus l’hébreu à cette époque, quelqu’un traduit en araméen de Babylone paragraphe après paragraphe, avec quelques commentaires.
Cette lecture suscite de l’émotion.
Lors de cette cérémonie, il n’y a pas de sacrifice.
Alors, quand Jésus assiste à la cérémonie dans la synagogue de Nazareth, il s’agit de cette cérémonie inspirée des offices domestiques, qui a aussi inspiré la liturgie de la parole lors de la messe catholique et orthodoxe.
Merci à l'auteur de cette image

La liturgie de la parole constitue l’essentiel de l’office de certaines églises réformées puisque dans celles-ci, la partie proprement eucharistique est soit devenue symbolique, soit inexistante. Hier s’est achevée la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Les différences ne sont pas que politiques, mais aussi doctrinales.

Dans le culte catholique et orthodoxe, on a en fait adjoint à l’office de la synagogue le culte du Temple transformé, c.-à-d. la partie sacrificielle, mais cette fois, nous refaisons les gestes du Christ qui nous a dit de le faire jusqu’à ce qu’il revienne.
La cène, avant l’événement au Golgotha, c’est la liturgie domestique. Puis, tout d’un coup, quelque chose bascule.  Jésus prend le pain, le bénit et le rompt et dit « ceci est mon corps ».
Puis, à la fin du repas, il prend la coupe, dit la bénédiction, puis dit « ceci est mon sang ».
Du coup, il devient l’offrande perpétuelle. Il n’y en aura pas d’autres.
Ce qui s’est passé cet après-midi-là est inouï !
À la synagogue de Nazareth, nous avons donc l’office au cours duquel un hôte de passage, un hôte de marque, lit un passage de la Tora et fait un commentaire.
Jésus tombe sur un passage d’Isaïe.
Son commentaire est laconique d’après Luc qui s’est fait le Sherlock Homes de l’événement :
« Aujourd’hui s’accomplit devant vous cette parole d’Isaïe ».
Je rajoute mon propre commentaire : « car, c’est de moi que parle Isaïe ».
Ce qu’il vient de dire est aussi énorme que quand il dit « ceci est mon corps, ceci est mon sang, faites ceci jusqu’à ce que je revienne ».
En fait, ces deux moments, ces deux événements sont liés et se répondent.
Donc, Jésus ne passe pas sous silence qui il est, de qui parle la Tora, et aux apôtres, quelle est sa fonction cosmique.
Bien entendu, pour le public, cela fait beaucoup de choses en une seule fois. Et le public passe par des sommets émotionnels allant de la stupéfaction à la fureur.
Aujourd’hui s’accomplit devant vous cette parole. C’est précisément le rôle de la liturgie de la parole, à savoir, l’actualisation de la parole de Dieu pour le public, l’instauration d’un dialogue entre Dieu et son peuple.
C’est proprement l’objet du dimanche de partage de la parole que nous pratiquons.
En outre, c’est le rôle de l’homélie qui est une parole de Dieu au présent.
En conséquence, en arrivant à l’office, chacun doit avoir le cœur ouvert, chacun doit arriver en étant affamé et assoiffé.
Affamé, car désirant une parole de vie qui nourrit l’âme.
Assoiffé, car désirant une lumière qui éclaire l’entendement.
Certaines Églises ont jugé bon de simplifier la doctrine chrétienne afin de la rendre plus raisonnable, plus conforme à la logique du monde. Néanmoins, c’est bien la complexité intégrale de la doctrine chrétienne qui lui permettra d’intégrer des événements futurs et leur donner sens.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Ne 8, 2-4a.5-6.8-10 ; Ps 18 (19), 8, 9, 10, 15 ; 1 Co 12, 12-30 ; Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21

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