Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


1er dimanche de Carême - année A, 5 mars 2017

Publié par Père Roland Cazalis sur 5 Mars 2017, 03:00am

Catégories : #homelie_cazalis

Oraison ; Genèse 2,7-9.3,1-7a. ; Psaume 51(50),3-4.5-6ab.12-13.14.17 ; Romains 5,12-19 ; Matthieu 4,1-11.
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Vous avez remarqué que la première lecture et l’évangile évoquent la réalité de la tentation et qu’il y a un lien entre ces deux récits sur un sujet qui traverse l’histoire de l’humanité.
Nous avons en premier lieu un récit de création du couple exemplaire de l’humanité, un couple qui glisse sur une peau de banane lancée par un personnage qui passe pour savoir des choses cachées.
Un récit de ce type est une mise en scène pour enseigner quelque chose d’important, une chose essentielle de la vie humaine. Généralement, au début du livre de la genèse, il y a effectivement des récits qui mettent en scène des réalités essentielles de la vie humaine.
Il y a au milieu de ce jardin des délices de beaux arbres qui donnent de bons fruits. Il y a aussi une parole initiale qui a été donnée à l’humanité, représentée par ce couple, et cette parole se conserve dans le cœur.
Cette parole initiale à avoir avec la vie et la connaissance ; la parole est la synthèse de ces deux arbres dissociés au centre du jardin, de sorte qu’il y a comme deux centres, donc pas de centre du tout.
Si l’on oublie, ou si l’on doute de la parole initiale, alors la vérité se dissocie dans notre cœur, et la convoitise prend le pas sur le discernement. Et cette convoitise-là prend la forme d’une promesse de quelque chose de grand, mais cette promesse-là accouche dans la douleur, une souris.
Alors, notre discernement peut s’altérer quand nous passons par des moments de vulnérabilité, quand nous passons par des moments de faiblesses physiques ou psychiques, quand nous avons reçu un coup dur sur la tête, quand nous sommes sous l’emprise de la convoitise, de la jalousie, de la faim, de la soif. Bref, quand nous sommes dans la désolation.  Et c’est alors qu’apparaît la tentation ou le tentateur. Chacun utilise le vocabulaire dont il a l’expérience.
Mais, c’est à ce moment-là aussi qu’il faut se rappeler ou plutôt s’en remettre à la parole initiale. Ce réflexe demande un certain entrainement.
C’est ce que fait le Christ dans ce que témoigne l’Évangile de Mathieu. Il rappelle trois aspects essentiels de la parole initiale :
  • De quoi vivons-nous en vérité ? Sont-ce les fruits des deux arbres dissocies ou est-ce de la parole initiale ?
  • Quel doit être notre rapport à celui dont la parole nous façonne comme un diamant, n’est-ce pas un rapport juste ?
  • Quels doivent être la portée et le sens de nos actes ? N’est-ce pas pour glorifier ou servir, car pour Dieu c’est la même chose. D’ailleurs, il ne demande rien pour lui-même. Il dit, si vous voulez me glorifier ou me servir, alors c’est en vous faisant proche de ceux qui sont dans le besoin ; c’est en étant présent à celui qui est dans l’angoisse, etc. Nous connaissons la musique.
Alors, s’il faut être plus concret en matière de tentation ou de tentateur dans la vie courante, dans ce cas, il ou elle se présente dans l’invitation verbale, donc toujours la parole, mais le détournement de la parole initiale.
C’est l’invitation à vous profaner afin que le profanateur ne reste pas seul, pour avoir de la compagnie ou pour que son groupe s’agrandisse.
C’est la parole commerciale qui vous entourloupe afin de tirer profit de vous et vous enchainer.
C’est l’invitation bienveillante qui a pour objet de vous capter afin de vous asservir. Les sectes malfaisantes sont coutumières du fait, et sur ce modèle, se rangent ceux et celles qui sont animés d’une volonté de puissance féroce. Donc il ou elle n’a pas de vie propre et a besoin d’asservir pour exister par ses victimes.
C’est l’invitation, en vous mettant au pied du mur, à vendre votre liberté, quand ce n’est pas votre âme, contre une futilité. Or, tout le monde possède déjà cette futilité, pourquoi pas moi ?
Bref, c’est toujours la même ritournelle, et à la fin, la montagne accouche d’une souris que vous avez payée au prix fort.
C’est pourquoi la vigilance requiert que nous soyons habités par la parole initiale.
L’Esprit est la parole initiale, qui veille et attire notre attention, si nous avons l’habitude de prêter attention à ses motions et c’est la raison pour laquelle cette aptitude demande de l’entrainement. Il s’agit tout simplement de prendre soin de soi. Nous le valons bien !
Le temps de carême est un temps pour que les athlètes de Dieu s’entrainent au discernement.
Un temps pour qu’ils fassent le point sur la parole qui les habite.
Un temps pour faire de la place à l’Esprit afin qu’il ait suffisamment d’espace pour faire de chacun de nous sa demeure.
Qu’il soit ainsi.
Père Roland Cazalis
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