Le désert est un lieu ambivalent. Un lieu de rencontre avec le vide, avec soi-même, rencontre avec Dieu, rencontre avec le tentateur, le diviseur ou le menteur. Le vocabulaire est variable, mais la réalité est la même.
Dimanche 18 février 2024 - 1er dimanche carême, année B
Le passage que nous propose l’évangile pour ce premier dimanche de Carême, est bref et percutant.
Après le baptême, l’Esprit pousse le Christ dans le désert.
Le Christ reste 40 jours dans le désert. Nous connaissons bien la symbolique du nombre 40. C’est le nombre de la purification.
40 jours de pluie pendant le temps du Déluge.
Moïse est resté 40 jours pour recevoir la Thora.
Le peuple hébreu est éduqué 40 ans dans le désert.
Tous ces événements sont des carêmes. Ainsi, ce que propose l’Église dans ce temps de carême est une synthèse de tout cela : purification, éducation et don de l’Esprit.
Si nous profitons de ce temps pour nous défaire de ce qui nous encombre, alors, nous exprimons par-là, le désir de recevoir l’essentiel, l’Esprit du Seigneur.
Jésus vivait dans le désert parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient.
Nous avons là une sorte de réconciliation de la création qui nous rappelle le rêve d’Isaïe, quand le loup et l’agneau cohabiteront en paix.
Le tentateur est absent du récit de Marc. La réconciliation qu’opère la présence du Christ dans la création l’exclut, à moins qu’il ne s’exclue de lui-même.
Le séjour au désert est important dans la logique de l’Incarnation. Jésus expérimente ce que vit chaque être humain, à savoir, la tentation, une réalité qui fait partie du fond de l’homme et qui est potentiellement propre à l’humain.
Curieusement, le diviseur met en évidence que l’humain est un être à très haut potentiel.
En effet, l’homme est comme en équilibre entre l’entropie, le chaos et la complexité, c.-à-d. le monde de la vie et tout ce qu’il requiert, à savoir, la coopération, l’entente, la synergie de l’amour comme dirait Thomas Oord.
Il est important de connaître cet aspect de la nature humaine. Quand l’homme bascule du côté du chaos, dans l’hybris, alors ce qu’il fait devient hideux.
Une famille ou une nation peut aussi basculer du côté du chaos quand elle est divisée contre elle-même ou quand elle s’en prend à une autre, par envie ou par la haine.
Voilà pourquoi il faut être conscient de ce qui arrive. Quand on n’est pas conscient de ce qui se joue dans le monde, alors on devient facilement un jouet.
Jésus dit « les temps sont accomplis ». Le règne de Dieu est arrivé dans notre humanité. Le Christ connaît l’humanité, voilà pourquoi on peut maintenant parler de l’humanité de Dieu.
Le Christ appelle. Suivez-moi, apprenez de moi comment œuvrer dans le monde de la vie selon la loi de l’amour. Apprenez de moi le discernement, la clairvoyance pour débusquer l’imposteur, car je connais l’humanité et je connais l’imposteur.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Marc 1, 12-15
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