C’est le carême, réjouissez-vous, semble dire Dieu. C’est le temps de l’arc-en-ciel, du chemin révélé aux pécheurs, d’un Salut déjà venu mais vers lequel il reste à nous tourner, le temps pour goûter la joie de la conversion. La Bonne Nouvelle commence quand j’entreprends un chemin de randonnée inédit, celui de la conversion. C’est le cadeau de Dieu. Il vient en Jésus qui éprouve son amour tout en traversant les tentations de notre condition. Il peut alors nous inviter : « les temps sont accomplis, le règne de Dieu s’est approché, convertissez-vous et croyez à l’évangile ».
Ce qui s’accomplit ? C’est la Parole. Noé, Isaïe, les Écritures, ne sont plus seulement à entendre, mais à vivre. C’est la conversion à quoi Jésus nous ouvre. En lui, l’arc-en-ciel de Noé, la traversée de la Mer Rouge, la sortie de l’aveuglement et de la captivité se donnent, l’homme redevient un être vivant. Se convertir, c’est passer de voir à croire. Quand je vois ce que je vois, je me décourage vite : on crie ici, on invective là, on se tape dessus ou on s’ignore, je ne vois qu’ivraie et bêtes sauvages comme au désert, des détenus qui retombent dans leurs ornières après la prison, des migrants dont on se barricade… Je suis centré vers ce qui manque, mes impossibilités à accueillir le réel et à aimer librement. Croire en l’évangile fait lever la tête, j’entends et vois avec le cœur. Un chemin s’ouvre. Le règne de Dieu est là, en Jésus qui traverse nos déserts.
« Le Christ a souffert pour les péchés ». « Une seule fois », dit Pierre. C’est fait. Il me reste à l’accueillir, à m’y disposer. Jésus vient m’ouvrir le ciel, me repêcher par un regard, une présence, un pardon. Aux disciples d’Emmaüs le Ressuscité a dû raconter Noé et l’arc-en-ciel. Il était là, signe d’un redépart. Redépart marqué par la blessure, les eaux de la mort, comme il apparaîtra avec ses plaies. Un arc-en-ciel dit un soleil sur un ciel chargé d’eau, l’eau de nos errances. Les bêtes sauvages de nos peurs n’arrêtent plus la colombe de la paix. En ce carême, Jésus, donne-nous d’accueillir la conversion que tu nous ouvres !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Gn 9, 8-15 ; Ps 24(25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15