L’Esprit Saint menait Jésus au Jourdain pour se faire baptiser par Jean. Il confirme ses pas, il révèle qu’ils sont inspirés par le Seigneur. L’Esprit est cette haleine de vie créatrice, et c’est « rempli d’Esprit Saint » qu’il est poussé au désert. Là, le signe de l’Esprit, moins visible qu’au Jourdain, c’est la paix de fond qui demeure en lui au-delà des peines. Dieu venait préparer le Fils bien-aimé à traverser le désert de la tentation. Son peuple avait craqué, 40 ans au désert. Jésus, là, choisit ce qu’il vient de recevoir : sa filiation, sa fidélité à son Père, et par là la vie de l’Esprit Saint. L’Esprit mènera ses pas jusqu’au bout, jusqu’au baptême du feu, au Golgotha. Alors il remettra à la terre l’Esprit qui l’a mené. La terre le recevra et le redonnera aux racines de l’Arbre de vie en ses amis, apôtres, disciples, témoins du Ressuscité.
Les prémices du Deutéronome sont un avant-signe de Pâques, de la traversée du désert. Tout à l’heure nous allons offrir quelques prémices, pain et vin du travail des hommes, de nos pas, de nos traversées du désert. Aujourd’hui ils sont chargés du goût amer des larmes et des peines de la terre d’Ukraine. Venir entendre la Parole de Dieu et rendre grâce par l’eucharistie font accueillir le chemin parcouru garder la tête levée vers le ciel. Jésus, tu connais nos déserts, les lieux où nous sommes tentés d’échapper à notre condition humaine quand elle semble trop lourde. Tu as pris et éprouvé notre condition, tu as traversé « l’esprit du monde » et ses soifs de toute-puissance solitaire, de grandeurs, de richesses, cet esprit qui ne supporte pas le manque et qui tue la vie pour cela. L’esprit du monde ne supporte pas de voir devant lui un Fils bien-aimé de Dieu. Car il préfère sa solitude malheureuse. Jamais il ne pourra invoquer le nom du Seigneur. Alors il tente, il envoie des piques, il mord, il trouble, pour amener l’enfant de Dieu bien-aimé à ses vues et ses rêves … qui ne produisent que de la mort. Esprit Saint, guide mes pas, guide nos pas, jusqu’au bout, jusqu’au « passage », Pâques, sur cette terre. Garde nos pas de la tentation du pouvoir et du découragement.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Dt 26, 4-10 ; Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13