Pour avancer concrètement sur notre chemin de foi, nous avons seulement à vivre notre quotidien dans la lumière pascale aussi bien notre quotidien propre à chacun que notre quotidien en commun, celui d’une famille, d’une communauté, d’un regroupement. Une question surgit alors. La multiplicité des actions en chacune de nos vies, la dispersion de la collectivité produite par l’activité, comment vont-elles réussir à exprimer une fidélité réelle à la nouveauté unique de la Résurrection du Seigneur...
La parole de ce jour nous donne une image pour nous aider à envisager une manière de vivre, d’agir selon cette perspective. C’est une image qui relie à la fois : Dieu le Père, le Fils Jésus, le croyant... C'est celle de la Vigne du Seigneur, avec son cep, ses sarments qui portent du fruit et avec celui qui veille : le vigneron... Une légitime autonomie est ainsi reconnue, entre le vigneron et sa vigne, entre la vigne et ses sarments, avec des possibilités de croissance, d’expression ou d’éloignement, mais un enjeu commun est posé. Cet enjeu se manifeste ainsi : que chacun porte et donne du fruit. C’est la marque de l’action du disciple, c’est aussi la gloire du Père... ce fruit produit donne au bout du compte de demeurer ou non dans la relation, la communion. « Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ».
La vie nouvelle, la vie du ressuscité en nous, apparaît bien alors comme circulation, comme mise en commun, comme sève. Remarquons le que c’est une vie qui se développe aussi à travers l’épreuve, le fait d’être émondé, ce qui donne à la vie d’être plus vigoureuse, de porter de plus beaux fruits, de se répandre, de se manifester, de se relier encore plus...
L’enjeu essentiel pour que cette vie se développe consiste à savoir conserver la relation réciproque entre le Seigneur et le croyant, dans une double inhabitation, c’est le germe de tout, cette double respiration... «Demeurez en moi, comme moi je demeure en vous », le fruit provient de cette inhabitation réciproque, de cette conspiration, de ce double balancement... Je demeure en toi, tu demeures en moi.
En découle pour nous croyants comme premier fruit de pouvoir formuler des demandes, le lieu de notre expression envers le Mystère de Dieu, le lieu de notre pleine reconnaissance par le Fils et le Père « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l'obtiendrez ».
Notre parole de demande, ainsi située, devient proprement créatrice, appel du Père, porteuse de vie... La Vie de Dieu se répand, se donne à travers nous, qui nous donnons aussi à elle... Circulation et extension de l’amour...
Prions pour que nous nous approprions, jour après jour, cette dynamique de la vraie vie en nos existences personnelle, communautaire et sociale. Que le Seigneur bénisse les peuples de l’Europe qui ont tant besoin de se rouvrir à sa présence. Que Sainte Brigitte patronne de l’Europe intercède pour nous ! Amen !
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite