[Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14 ]
La fête de la Nativité met dans nos cœurs une lumière particulière, même quand le contexte est peu favorable.
D’ailleurs, la vision d’Isaïe, dont nous avons entendu un extrait dans la première lecture, se situe dans un contexte d’invasion sans ménagement des petits royaumes de Damas, d’Israël et de Juda par les Assyriens qui sont la puissance dominante de l’époque, autour de 736-720 avant notre ère.
C’est la même lumière dans le cœur d’Isaïe qui permet à sa vision de traverser et dépasser son contexte pour aller se poser loin, bien au-delà de lui.
Voyez ce qu’il dit de l’enfant qui va se lever comme un astre sur la terre.
Isaïe le nomme inter alia:
-Conseiller-Merveilleux ou Ange-de-grand-conseil : il s’agit de la sagesse, la sagesse qui est indispensable pour gouverner selon le cœur de Dieu et participer à l’accomplissement du plan de Dieu dans et sur le monde.
-Père-à-jamais : celui qui pourvoit comme un bon père de famille.
-Prince-de-la-Paix : voilà son titre le plus lumineux. La paix advient quand le droit et la justice deviennent les assises de la gouvernance.
Nous avons là, les conseils essentiels de la bonne gouvernance quand on a de l’affection pour son peuple.
Isaïe voit très loin en avant du temps, voilà pourquoi ses oracles sont reportés sur celui qui a les épaules pour les porter. Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui.
La fête de la Nativité met une lumière spéciale dans notre cœur. Et nous éprouvons le besoin de l’extérioriser, de la manifester par les luminaires que nous mettons partout : dans les rues, dans les magasins, sur les places, à la maison, même si le contexte nous invite à être sobres dans l’extériorisation de la lumière que nous portons en nous.
Cette lumière nous pousse également à nous déplacer vers nos proches afin de nous réjouir avec eux, un peu comme les bergers se mettant en marche, notamment, pour aller rejoindre le nouveau-né, suivant la révélation qui leur a été faite.
Cet allant nous rappelle les pèlerins d’Emmaüs, qui, après avoir parcouru le chemin de Jérusalem à Emmaüs de nuit, trouve un surplus d’énergie pour faire le chemin inverse à l’instant et en courant presque.
Oui, la lumière que nous avons dans le cœur rejoint celle que les pèlerins d’Emmaüs avaient également dans le cœur. La lumière de la Nativité est plus douce. C’est la douceur de l’Esprit de Dieu, celle qui convient à l’enfance.
Puisque nous avons cette lumière dans le cœur, alors, nous ne sommes pas en train de commémorer la Nativité ; nous ne sommes pas en train de répéter un office. Nous célébrons la grâce que Dieu donne aujourd’hui, ici et maintenant.
Paul de Tarse nous disait dans la deuxième lecture que « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».
La grâce se manifeste pour le salut de tous les hommes. Par elle, toutes les familles de la terre sont bénies.
Cette grâce nous incline à la paix, à la fraternité et à la compassion.
Elle nous incline à prendre dans nos bras les corps souffrants, les isolés, les laissés-pour-compte.
Alors, par les temps que nous vivons, demandons au Seigneur de répandre sa grâce afin que ceux qui souffrent soient consolés, afin que les amants de la guerre se laissent toucher et s’ouvrent à la fraternité.
Que sa grâce consolide en nous l’esprit d’enfance.
Joyeux Noël !
Roland Cazalis, compagnon jésuite