Avec le temps de l’Avent, nous retrouvons le prophète Isaïe. Il réveille l’espérance ou la source qui sourd au cœur du monde. Alors, nous la sentons à nouveau, nous nous rappelons qu’elle vient de loin, qu’elle est première. Nous la percevons déjà dans les balbutiements du cosmos, puis dans la montée en complexité à l’œuvre dans le monde vivant. La poussée est telle que même les extinctions ne peuvent l’arrêter ni jeter dans l’oubli ceux qui nous ont précédés. Dans l’économie de la biogenèse, aucun de ces êtres disparus n’est perdu. Tous en effet sont marqués de la même naissance.
Nous percevons encore la source dans l’avènement de la parole et de l’amour. Au cours de l’histoire, ils se répondent comme le fil et la navette du tisserand pour œuvrer à l’étoffe du monde.
Nous la percevons aussi dans le patient soutien des enfants des hommes pour qu’ils parviennent à leur pleine verticalité. Nous la suivons enfin dans la diversité des traditions humaines répondant à celle du monde vivant. La diversité est une bénédiction qui nous vient d’avant celle de Babel, car elle est originaire. D’aucuns contestent cette bénédiction par ignorance. Or, chaque tradition témoigne de la source par la figure de la sagesse, celle des nations.
Quand l’étoffe du monde atteignit sa taille critique, la source fit sa percée en pleine nuit. Sa venue réjouit les veilleurs.
Heureux sommes-nous, car la naissance est ce qui caractérise le monde. Chacun de nous en est oint. L’étoffe qu’est chacun vient d’un tissage de parole et d’amour. Et dès que notre maillage est suffisant, Dieu vient à nous comme la source intérieure. Nous avons ainsi la grâce de la porter en nous pour la donner au monde que nous aimons afin qu’il vive de la même source. La présence de Dieu en nous nous rend capables de le mettre au monde.
Roland Cazalis, compagnon jésuite