Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 19, 3-12 Ils ne feront qu’une seule chair

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 18 Août 2023, 12:01pm

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #Evangile St Matthieu, #évangile commentaire, #Evangile_réflexion

Mt 19, 3-12 En ce temps-là, des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve ; ils lui demandèrent : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » Il répondit : « N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme ? et dit : “À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair.” Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Les pharisiens lui répliquent « Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? »
Jésus leur répond : « C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi. Or je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère. »
Ses disciples lui disent : « Si telle est la situation de l’homme par rapport à sa femme, mieux vaut ne pas se marier. »
Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! »
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L’arbre ne vit que de ses bourgeons, l’humanité ne vit que des engagements en son sein. Merci à l'auteur de cette image

Les polémiques ne cessent d’assaillir Jésus et Jésus répond toujours avec une sagesse nouvelle, parce qu’éternelle. Pourquoi cela ? Parce qu’il part de la racine, de l’intention créatrice du Père, de ce que le Père vise en créant. A ceux qui veulent une réponse par case à cocher, en permis / défendu -ce qui, entre nous soit dit, après coup, autorise à faire ce que je veux dans cet espace conquis pour ma liberté tournée sur elle-même- Jésus répond : « Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme ». Jésus introduit ainsi une perspective, à partir de laquelle, la situation présente reçois son sens de création, de devenir, d’invention, de vie pleine, de vie en relation avec les autres, avec le Créateur. La question n’est plus le permis défendu mais la réception d’une parole de bénédiction et d’un chemin de création à vivre… d’une promesse, d’une vocation…

Et pour tout cela, d’où part Jésus ? comme toujours des personnes, lieu par excellence de la nouveauté de la création, et ici du couple. Notons le déplacement par rapport au texte de la genèse, « le Créateur les fit homme et femme » ce n’est plus un homme et sa femme, comme sortie de lui, c’est : homme et femme en stricte égalité. La création de l’homme et de la femme s’opère, en vérité, pour les deux en même temps, dans le même mouvement quelque part l’un par l’autre. Dans l’échange entre les deux, se poursuit l’engendrement créateur qui donne la vie. C’est une création à accueillir, à préserver et à faire croître. C’est une vocation. Le mariage est une vocation, « pour devenir une seule chair » : unir des différences qui demeurent. Cela requiert le consentement des libertés qui se disent « oui » et qui disent « oui » à ce labeur de création. Cela ouvre au risque du devenir, l’un par l’autre, l’un avec l’autre tout en s’ouvrant aux autres, tout en s’ouvrant à Dieu.

La création de l’humanité avec ses civilisations, ses inventions, ses découvertes, sa croissance étonnante, peut être comparée à un arbre, un grand arbre qui croît, s’élève dans les cieux et plonge ses racines dans le sol. Mais cette grandeur peut se scléroser. A vrai dire, elle ne reste vivante, en devenir, en croissance que grâce aux tout petits, aux bourgeons, que constituent les couples. Ce lieu minuscule mais réparti en tout son être, où le grand arbre reçoit, dans ces cellules demeurées en totipotence, de s’ouvrir au devenir créatif, d’entendre la promesse de vie véritable, bien au-delà de sa force apparente.

Recevons la promesse, tentons l’aventure risquée du mariage, sachons que cela peut mal tourner pour bien des raisons, qui ont certainement à voir avec l’ouverture de mon cœur au moment de l’engagement et dans la durée. Jésus ne disait-il pas que c’est « en raison de la dureté de votre cœur que Moïse avait accepté le renvoi de l’épouse ». Mais, là encore, la miséricorde du Père rejoint chacun et lui donnera de pouvoir avancer sur le chemin de la vie dans un cœur contrit.

Et sachons encore que la création ne s’épuise pas non plus en ce seul type de bourgeons. Dans ce grand arbre, il y a aussi d’autres bourgeons, merveille des merveilles « il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » Que la création chante par tout elle-même la gloire du Créateur !

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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