« Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur, je les comblerai de joie dans ma maison de prière ». Les nations païennes qui avaient refusé de croire ont obtenu miséricorde par suite du refus de croire du peuple élu. Une étrangère, cananéenne, vient à bout de la disposition de Jésus. Le fil directeur des trois lectures semble assez clair : les étrangers et les païens peuvent devenir ceux qui appellent tous à croire en la miséricorde recréatrice de Dieu. Tous, juifs et païens, et donc chrétiens et non chrétiens.
Ce Paul, il a une vision étonnante de la manière de Dieu à ce que tous obtiennent la grâce de la miséricorde à partir du refus de croire des autres. Nous avons entendu cette semaine son cri de douleur du refus de ses frères de sang à croire au Christ miséricordieux et recréateur. Ce refus a entraîné le passage de la bonne nouvelle aux païens. Et Dieu lui inspire cette finale surprenante : « Dieu a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde ». Donc rien n'est définitivement fermé, la miséricorde recréatrice de Dieu peut encore et toujours être accueillie. Par les juifs et par les étrangers. Par notre Église et par les lointains de l'Eglise. Les chemins de la foi sur la terre sont liés à notre capacité de refuser la miséricorde créatrice du Seigneur. Ça c'est fort quand même !
Et donc, veiller, c'est sans doute demeurer étranger au milieu des élus de la miséricorde. C'est rester cet immigré en quête d'une terre promise qui n'est pas encore là. En fait, veiller, c'est chercher et trouver la seule disposition qui donne à Dieu de passer et d'ouvrir le chemin vers la Vie. La Cananéenne a trouvé cette disposition. Le Christ est venu pour remettre toutes choses à leur place. Et elles sont à leur place quand il lui est donné d'être pris aux entrailles. La miséricorde et la vie ne viennent que si chacun, chacune, chaque peuple, se situe de façon juste par rapport à ce qui donne la vie. Je l'aide, Dieu, si je viens avec un grand désir, porté devant Dieu et devant les hommes, prêt à rencontrer l'adversité, au point de croire à mon désir et à Celui à qui je l'adresse, et tel que je suis, même un étranger, même un petit chien, en humilité. Alors là, même Dieu craque, et les chemins de miséricorde et de vie s'ouvrent ! Veiller, c'est demeurer dans une telle disposition. Sinon la vie ne viendra pas. Merci, la Cananéenne !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Is 56, 1.6-7 ; Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8 ; Rm 11, 13-15.29-32 ; Mt 15, 21-28