Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 14, 22-36 « recevoir l’appel de Jésus à être pleinement frères » 

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 8 Août 2023, 10:34am

Catégories : #Homélies, #JLfabre, #Evangile St Matthieu, #Evangile_réflexion, #évangile commentaire

Mt 14, 22-36 : Jésus avait nourri la foule dans le désert.  

Aussitôt il obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.  

Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »  

Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.  

Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »  

Après la traversée, ils abordèrent à Génésareth. Les gens de cet endroit reconnurent Jésus ; ils firent avertir toute la région, et on lui amena tous les malades. Ils le suppliaient de leur laisser seulement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui le faisaient furent sauvés. 

Marcher en frères vers le père - Merci à l'auteur de cette image

 

Ce passage d’évangile fait suite à celui de la distribution des pains où déjà Jésus a sollicité ses disciples, en leur demandant de donner, eux-mêmes, à manger aux foules. Dans la foulée, il continue en les enjoignant de passer par eux-mêmes sur l’autre rive. Il a sur eux une intention, les poussant à aller vers un inconnu pour eux. Pouvons-nous percevoir plus avant l’intention du Christ ainsi que sa pédagogie ? Il n’est pas impossible qu’il ait sur nous la même intention et qu’il déploie, envers chacune de nous, une pédagogie similaire 

 

Un mot rythme la trajectoire pédagogique de Jésus retranscrit dans l’évangile : « aussitôt ». « Aussitôt Jésus les oblige à monter dans la barque » « aussitôt Jésus leur parle confiance c’est moi » et enfin « aussitôt Jésus étendit la main et le saisit ». Nous voyons ainsi se dessiner trois étapes avec trois manières d’être de la part de Jésus : il envoie vers là, où il ira lui-même, il conduit pourrait-on dire et, pour cela, il se met à distance, puis, venant sur la mer, il se rapproche et, là, il guide en dialoguant avec Pierre, et, à la fin, il escorte ce même Pierre en lui donnant de pas sombrer. Il se manifeste comme étant toujours bien présent mais selon des modalités différentes. La manière d’accompagner de Jésus est selon ces modalités variées. On retrouve les mêmes attitudes pour l’histoire des pains. Jésus vise, par-là, la pleine liberté de l’autre ainsi que son entrée dans la simple foi, la confiance nue dans le Père 

 

Au terme, un résultat semble acquis puisque tous les disciples, réunis, confessent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! ». Ils reconnaissent en lui une personne proche de Dieu, reliée à lui par la filiation et, par cela, capable de faire des choses hors de leur propre portée. Mais ainsi sont-ils entrés pleinement dans les perspectives de Jésus ? Certainement pas !  

 

L’intention véritable de Jésus transparaît toutefois dans la remarque adressée à Pierre : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Jésus désire que ses disciples ne soient pas ses disciples mais ses amis et encore plus ses frères et ses sœurs, en ayant le même Père en qui ils mettent une confiance radicale, en recevant de lui, la même vie que lui, vie les rendant capables comme lui de vivre pleinement, de se donner complétement. 

 

Il désire même que nous aussi, les hommes des autres époques, nous puissions nous rapporter directement au Père. Jésus ne développe pas avec nous un rapport de subordination, il donne passage, seulement passage. Voilà la grande promesse qu’il nous fait. Cela implique pour nous tous qui tentons de marcher à sa suite de vivre de la fraternité uniquement. Cela s’attestera tout au long de l’histoire des chrétiens dans des poussées fraternelles comme notamment avec Dominique (8 août : fête de St Dominique) et François, en plein moyen-âge. Cet appel à la fraternité est repris en ces temps par le Pape François dans «Fratelli tutti ». A chacun de nous avec d’autres d’en écrire une nouvelle page, aussi modeste soit-elle ! 

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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