Mercredi, 21e semaine du temps ordinaire
Matthieu 23, 27-32 En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures. C’est ainsi que vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes, vous décorez les tombeaux des justes, et vous dites : “Si nous avions vécu à l’époque de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complice pour verser le sang des prophètes.” Ainsi, vous témoignez contre vous-mêmes : vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes. Vous donc, mettez le comble à la mesure de vos pères ! »
***
Nous sommes toujours dans le même contexte, d’une série de reproches que le Seigneur adresse aux scribes et aux pharisiens hypocrites. Découvrons les attitudes de vie que le Seigneur indique en fait à ces personnes et tentons de nous les approprier, pour qu’elles travaillent nos existences et nous disposent à recevoir la vie en plénitude…
« Une belle apparence » Le souci de l’apparence introduit un hiatus, un écart dans nos vies. Cela rend difficile pour nous le fait d’être authentique. Cela nous rend aussi vulnérable à la manipulation. Sachons mesurer le danger qu’il y a, en nous, de vouloir faire bonne figure. La perte de face n’est jamais mortelle, elle est humiliante certes mais elle nous aide aussi à recevoir notre vraie position. Madeleine Delbrêl disait à celui qui se risquait dans une retraite spirituelle. « N’aie pas peur tant que tu perds la face, inquiète-toi en revanche si tu perds la tête »… Cet enjeu est bien un enjeu pour chacun de nous, mais aussi pour des groupes, des communautés. Détectons cette tendance lorsque nous tentons d’enjoliver les choses, paraître plus que nous sommes. Le risque est grand de perdre la relation avec notre intérieur, de devenir l’objet des sollicitations extérieures… d’entrer dans un monde où nous ne pouvons plus rien…
« Vous bâtissez les sépulcres des prophètes » Le Seigneur continue ses reproches. Nous pouvons peut-être dire que là l’erreur en nous vient de ne pas réagir de la bonne manière en ne respectant pas l’autre pour ce qu’il est. Un prophète est là pour que sa parole soit reçue et produise en l’autre ce qu’elle se propose. N’endiguons pas ce que nous dit l’autre en vérité par des considérations extérieures de respect… Entendons ce conseil de l’Imitation de Jésus Christ. Elle nous recommande de considérer ce qui nous est dit et non celui qui nous le dit. La vérité peut germer en toute personne, la plus humble, la plus simple, la plus éloignée de moi. Vivre sous la parole requiert de nous de nous laisser déplacer par elle. Alors bâtir des sépulcres, pour enterrer des porteurs de parole, c’est bien une réponse faussée…
« Vous témoignez contre vous-mêmes » Etre dans le présent, demeurer dans le présent, faire ce que le présent nous dit, et ne pas entrer subtilement dans un jugement de l’autre, dans une dépréciation de l’autre, même s’ils sont nos parents, et aussi dans une attitude irréelle. Là encore il y a un égarement. La parole me touche et c’est à partir d’elle que je réponds, là où je suis… Souvenons-nous d’Ignace à Manrèse qui s’inquiété à un moment de ne pouvoir tenir la vie qu’il mène dans la durée… L’ennemi de la nature humaine tentait de l’attirer loin de là où se trouvait sa vraie vie… Nous aussi veillons à être là où nous sommes, recevant notre quotidien et vivant à partir de lui, comme ne cesse de nous y inviter la prière du Notre Père. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »
Ne cherchons pas à faire bonne figure, à faire semblant de recevoir des paroles sans le faire vraiment, à nous mettre à la place des autres, soyons chacun de nous là où nous sommes, humblement, loin de toute fumée d’apparence… rejoignons le Christ qui est dit, dans les Exercices, être « en un lieu humble, beau et gracieux ».
Père Jean-Luc Fabre
[Source photo :http://4.bp.blogspot.com/-03XM7Ax1grE/TzjTndOk-qI/AAAAAAAAAzM/h4ioA5lAfQQ/s400/393858_266724970067625_145479798858810_657040_171807596_n.jpg]