Matthieu 11, 28-30 En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
« Venez à moi » : une parole libre, ouverte qui respecte la liberté de l’autre… et seulement après vient la promesse respectueuse «et moi, je vous procurerai le repos ». Et là encore, un profond respect de la liberté de l’autre, le Seigneur ne va pas donner, mais il va aider à ce que l’autre trouve… Et c’est logique, puisque les personnes auxquelles il s’adresse sont celles qui peinent sous le fardeau… mais cette venue à lui à quoi conduit-elle ? À quelle demande, à quel commandement de sa part ?
« Prenez sur vous mon joug » : Voilà donc le commandement de la part de Jésus : prendre son joug, un mot à bien entendre, le joug sert surtout à orienter l’effort, et à lui donner de pouvoir être efficace, la force musculaire de l’animal peut être mieux mobilisé et l’effort est mieux orienté, il permet souvent de pouvoir associer l’effort de deux animaux de traits. Il n’est pas donc de lui-même signe d’asservissement. Il est plutôt signe d’efficacité et d’économie d’effort… Il a été rendu, à vrai dire, signe d’asservissement par la volonté du vainqueur. Prendre le joug du Seigneur, c’est suivre sa direction, c’est bien devenir son disciple, un disciple qui marche à la suite de son maître qui lui-même est en marche… nous avons déjà une indication de ce qu’il va dire pour justifier son commandement ou bien peut-être plus justement sa simple proposition…
« Je suis doux et humble de cœur» dans son commandement, dans sa proposition, Jésus se déclare doux et humble de cœur… cette qualité du Seigneur le rend capable de vivre l’échange sereinement avec l’autre, de pouvoir articuler justement et la demande et le don. Pourquoi cela ? Parce que le Seigneur est ancré pleinement sur la source de la Vie son Père, il reçoit pleinement ce qui lui est donné, Celui qui se donne à Lui, et de ce don reçu il est capable de rendre, de se rendre lui-même en retour, cet échange est la source en lui de la douceur et de l’humilité qui lui donne de s’adresser justement aux autres, à n’importe quel autre. Son joug conduit chacun de nous en toutes nos circonstances vers cette relation fondamentale : recevoir Celui qui donne et qui se donne en tout, pour pouvoir se rendre soi-même à Lui pleinement. Vivant nous-mêmes de cet échange, nous pouvons alors vivre justement l’échange avec tous nos frères, toutes nos sœurs…
Père Jean-Luc Fabre
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