Il y a 80 ans une guerre nazie s'attaquait au peuple juif. Ici et là des gestes émergeaient pour en sauver quelques-uns. Au Chambon-sur-Lignon par exemple des Juifs ont pu dire : "celui-là, celle-là, c'était un Juste". Nous voilà dans la justification dont parle Paul : l'attente, la recherche, d'être reconnu juste par Dieu. Paul reste marqué à vie par sa conversion. Il était pratiquant, il devient croyant, répètera-t-il. Il a entendu et vu à quoi le menait sa pratique de la Loi, alors il a reçu et vécu dans la foi le Christ et l'offrande de Dieu qu'il est et qui redonne vie au monde.
Je peux pratiquer la Loi et ignorer la vie de l'Esprit. Au Chambon-sur-Lignon c'est vraiment une foi vivante et active dans une charité inventive que certains ont pu reconnaître. On faisait passer l'un puis l'autre puis un autre dans un pays ou une zone libre. C'est vrai c'est plus que satisfaire aux ablutions avant chaque repas. Jésus est vigoureux. La pratique de la Loi qu'il fustige, c'est celle qui l'instrumentalise pour se justifier, si bien qu'elle est détournée de son sens à l'origine. Alors on ne soigne que l'extérieur, l'intérieur n'importe pas.
Nous retrouvons la foi du lépreux samaritain de dimanche. Il est un saut, un passage, à vivre, qui change tout : c'est Celui qui fait naître l'homme intérieur. C'est celui de la foi au Christ, reconnu comme celui qui fait entrer dans la vie, la vraie vie. Elle ouvre à l'autre, à soi, à Dieu, au monde, en reconnaissant Celui qui relève et envoie dans une vie que je ne recevais pas, pas encore.
Olivier de Framond, compagnon jésuite