Prier, sans se décourager. L’invitation vient après une 3ème annonce de la Passion. S’il en est un qui peut réclamer justice auprès du juge, c’est lui, le Christ. Son adversaire ne veut pas de lui. Prier me tourne vers mon secours, mon gardien, mon berger, le Seigneur. Le découragement est l’arme du Tentateur. T’es tombé sur un juge inique qui se moque de la justice ? C’est foutu. Personne ne vient te voir et t’aider ? T’es cuit. T’es écrasé de boulot ou l’inverse ? Tout se bouche. Dieu ne répond pas ? Je me décourage encore …
La veuve qui vient demander justice à ce juge qui ne craint ni Dieu ni les humains, c’est nous, c’est notre humanité, prise dans les affres de la vie. Elle vient et revient, et c’est ce qui va faire bouger le juge qui ne supporte pas les casse-pieds. A la fin c’est le Fils de l’Homme lui-même qui vient à nous. Prier sans se décourager, en fait c’est le laisser venir à nous, à moi, son humanité. Prier, en fait, ce n’est pas seulement moi qui attend qu’on me rende justice, c’est me préparer à la venue de Dieu qui patiente envers moi. Mais lui, trouvera-t-il la foi sur terre ? L’invitation à prier sans se décourager vient me sortir d’une demande centrée sur moi, comme si j’attendais des autres et de Dieu qu’ils viennent combler mes manques et m’assistent. La foi, c’est autre chose, c’est être tourné vers Dieu qui patiente envers nous, pour y trouver une terre qui lui donne vie. Le Tentateur et son arme du découragement me font accuser un juge, un Dieu qui ne répond pas, alors que je ne lui offre pas de venir à moi.
« Rephidim », cela veut dire « les bras m’en tombent ». Quand l’usure ou le découragement vient, ce qui aide, c’est les autres, pour demeurer tourné vers le Ciel, les mains levées. C’est ce que nous voyons avec Aaron et Hour qui portent les bras de Moïse. La veuve, ici, c’est eux trois, et elle et le peuple avancent. Il y a toujours un Aaron autour de soi ! La foi sur terre, c’est ce qui fait tenir les mains et le cœur levés au ciel du Fils de l’Homme. Paul le dit autrement : c’est ce qui donne à la Parole d’être proclamée et au Mal d’être dénoncé dans un souci d’instruire. Seigneur, apprends nous à prier sans nous décourager.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ex 17, 8-13 ; Ps 120 (121), 1-2, 3-4, 5-6, 7-8 ; 2 Tm 3, 14 – 4, 2 ; Lc 18, 1-8