Lorsqu’un tremblement de terre a lieu, nous nous attendons aux répliques c’est-à-dire aux séismes moindres qui suivent la secousse principale. Mais il y a aussi les secousses précurseurs pas toujours bien identifiées. Je pense que nous pouvons recevoir cet évangile comme signe précurseur du carême, mercredi prochain ce sera, en effet, le mercredi des cendres.
Et ici le Seigneur nous laisse devant une insistance, il parle de ce qui sort de l’homme, du cœur de l’homme. « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur ». Il le dit, il le répète et surtout ne fait pas plus que cela. Il nous laisse ainsi prendre la mesure de notre état.
Pourquoi donc ? Cela a un grand sens à vrai dire. Jésus sait et veut que nous changions vraiment. Et changer vraiment ce n’est pas seulement se mettre à agir autrement, c’est prendre les choses vraiment autrement. Jésus ne peut, à ce moment, rien dire de plus. Il doit nous acculer à notre contradiction en nous donnant de prendre véritablement conscience de notre état, pour que nous réalisions que nos tentatives de résolution ne sont pas à la hauteur… Il laisse croître une crise qui nous conduira à chercher autrement.
C’est bien ce qu’a vécu Ignace dans son chemin de conversion aller au bout de sa quête personnelle, en mesurer l’inanité pour ensuite se tourner vers le Seigneur. Et ainsi ne plus vouloir faire par lui-même pour le Seigneur mais faire avec lui, de la relation avec le seigneur. Il lui sera alors donné de s’éveiller comme d’un rêve comme il le dira dans son récit plusieurs décennies après.
Aujourd’hui, recevons ce signal précurseur pour demander au Seigneur la grâce de vivre autrement ce carême 2024, comme une quête véritable vers celui qui dans la relation avec lui nous sauve. Bonne attente à chacun.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite