Pour les catholiques, ce passage de la lecture continue de Marc durant le temps ordinaire vient clore les trois étapes habituelles de la réentrée dans le temps ordinaire après le temps pascal, le temps pascal où il nous est donné, en Eglise, de réentendre comment nous faisons Eglise à la suite du Christ Ressuscité. Il y a eu ensuite le dimanche de la Trinité, cette Trinité qui crée en se donnant sans repentance, qui anime la vie de la création et qui également préside au retour libre de toutes les créatures vers le Père, en unité et sainteté. Puis, il y a eu la fête du Saint Sacrement où nous prenons la mesure du don jusqu’à l’extrême que fait le Christ, en allant jusqu’à s’anéantir pour nous signifier jusqu’au bout l’amour trinitaire qui s’offre. Et il y a eu, enfin, la fête du Sacré-Cœur qui dans son vis-à-vis avec nous donne de pouvoir répondre pleinement à son invitation, répondre comme amour pour amour. Aujourd’hui ce passage apporte comme une quatrième note, celle de la capacité à demeurer dans cette relation.
Le secret est simple et radical, il s’agit de vivre non au centre mais aux périphéries, non à la maison mais sur la route, non dans le fermé, l’acquit mais dans l’ouvert et le devenant. Notre identité véritable n’est pas dans ce que nous avons reçu mais dans l’appel qui nous est fait. Nous saurons qui nous sommes le jour de la Résurrection tous ensemble réunis « au jour du rassemblement des justes ». La Bible est le recueil dans la durée des appels que le Seigneur adresse depuis l’antique « Adam Où es-tu donc ? » et aujourd’hui nous entendons de la part de Jésus lui-même « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Sachons être dans cette attitude, recevons ce qui nous arrive, laissons-le travailler, percevons l’appel à la vie plus grande qui s’y trouve, rappelons-nous, catholiques, que le tabernacle était là où demeurait la gloire de Dieu avec son peuple dans l’errance du désert. Ouvrons-nous jour après jour à la Parole qui nous réveille, nous interpelle, nous déplace, « aujourd’hui écouterez-vous sa parole » entendons-nous à l’office chaque matin. Recevons le pain pour la route, les reins ceints, en chemin, réjouissons-nous enfin de la rencontre avec d’autres frères et sœurs qui nous manifestent la présence bienveillante du Seigneur à chacun de nous tous. Soyons l’Eglise en chemin, pauvre et par cela sainte.
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite