Mercredi (2ème semaine de Carême)
Ah, la mère des fils de Zébédée ! Elle nous agace. Et en même temps elle dit tout haut des peurs très humaines que j’ai, que nous avons : la peur d’être abandonné, soi ou sa progéniture. Elle dit tout haut nos besoins de nous accrocher à des « chefs », des guides, des amis, en qui nous mettons tout notre dévolu. S’ils s’en vont, du fait de la maladie, de la violence, ou simplement d’un changement de mission, je ne veux pas les perdre, moi ou les enfants d’une mère poule. …
Ça m’a rappelé les « mon père » des 1ère fois, ça m’avait fait tout drôle d’être appelé « mon père ». C’était peut-être le prolongement de la demande de cette Mama de Jacques et Jean. Une manière de s’assurer que le Fils de l’Homme qui annonce sa Passion va bien continuer à être avec moi ou mes enfants, en bonne place. Une manière de réserver sa place au paradis. La toute première fois c’était en Côte d’Ivoire, encore laïc ; j’étais blanc et barbu, alors je ne pouvais être qu’un « mon-père » ! … Sans le vouloir, je transforme Dieu en « mon pote », pour moi, à moi, si j’ai peur d’être abandonné par lui. La bonne nouvelle, c’est que Jésus n’est pas entré dans notre jeu. Car Dieu ne se laisse pas arrêter. Il n’entend pas le langage du « pouvoir », mais seulement celui d’un « servir », libre, éternellement. Certains, qui voulaient faire de Dieu « leur pote », un Baal, un faux Dieu, pour asseoir leur pouvoir sur celles et ceux qu’ils manipulaient consciemment ou non, ont supprimé le seul Dieu qui est, le Christ. La mort ne l’a pas arrêté. Nos peurs d’être abandonnés nous aveuglent en nous enfermant dans l’univers et la logique du pouvoir. Le Bien-Aimé nous ouvre à un Dieu autre, qui met sa joie à servir et aimer librement. Merci Jésus, d’avoir accueilli la demande de Maman et de l’avoir déliée !
Olivier de Framond, compagnon jésuite