On ne peut pas entrer dans des comptes de nombre de fois où je dois pardonner, c’est encore trop humain ! Dieu remet à qui lui doit 10.000 talents, 60 millions de journées de salaire. Cela lui demanderait de travailler encore 165.000 années ! Dieu ne compte pas comme nous. Il accueille le réel et il se réjouit seulement d’un cœur qui s’ouvre largement à la grâce, à son cœur prodigue.
La seule chose qui le peine et l’éteint, c’est un regard centré sur soi, un regard qui ne le connaît pas, lui, Dieu, et le prochain, un regard qui ne sait plus accueillir son regard de pardon. Il en a, de la patience, le Seigneur, avec nous. Combien de fois je me surprends à pester, même un tout petit peu, oh si peu, mais quand-même, … contre Untel ou Unetelle qui m’oublie, qui semble ne pas me considérer. Parfois c’est contre moi que je peste, mais ce n’est pas mieux. Contre ce corps limité qui prend de l’âge, ou ce Corps religieux qui vieillit, lui aussi et ne trouve pas la force ou le temps de penser aux uns et aux autres. Pétard, j’en ai finalement plein, de gens qui me doivent quelque chose !
Mais Dieu, c’est un cœur qui se laisse toucher, prêt à se donner, à par-donner. Il a des tripes de mère. Il s’en fout que je lui doive 100 ou 10.000 talents, mes plaintes que X ou Y ne m’ont pas réglé leur dette, ça l’éteint. Il ne se réjouit que de ce qui ouvre les bras à la vie, à la gratitude, au pardon. Mais malheureux qui ne sort pas d’un regard centré sur lui et ses misères ou besoins de reconnaissance ! Il s’empêche de connaître le cœur de Dieu. Il s’envoie lui-même en exil, en gémissant qu’un autre l’y a mis. Seigneur, donne-nous un cœur et un regard qui accueillent le tien !
Olivier de Framond, compagnon jésuite
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