Recevoir la nouveauté demande toujours de quitter…
La pauvreté est à aimer comme une mère.
Saint Ignace de Loyola.
Jean 16, 5-11À l'heure où Jésus passait de ce monde à son père, il disait à ses disciples : « Je m'en vais maintenant auprès de celui qui m'a envoyé, et aucun de vous ne me demande : 'Où vas-tu ?' Mais, parce que je vous ai parlé ainsi, votre cœur est plein de tristesse. Pourtant, je vous dis la vérité : c'est votre intérêt que je m'en aille, car, si je ne m'en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l'enverrai. Quand il viendra, il dénoncera l'erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation. Il montrera où est le péché, car l'on ne croit pas en moi. Il montrera où est le bon droit, car je m'en vais auprès du Père, et vous ne me verrez plus. Il montrera où est la condamnation, car le prince de ce monde est déjà condamné. »
N’ayons pas peur de continuer à grandir, grandir veut dire laisser tomber des enveloppes, pour en fait devenir pour les autres des enveloppes protectrices de croissance, le Seigneur Ressuscité nous conduit à notre autonomie, une pauvreté ouvreuse de relations… Laisser tomber les enveloppes veut dire se tenir sur le lieu jaillissant de la foi, tourné vers le Père, à la suite du Christ, menant le combat de l’attestation en situation. Je jaillis pauvre et nu, triomphant. Je quitte ce sur quoi je me replie, m’étiole, m’enferme, meurs…
« C’est votre intérêt » Voilà bien l’enjeu en ces derniers jours du temps pascal. Après tout le parcours des apparitions, des premiers saints effets de la résurrection, de la nouvelle ouverture en nous de la vie par le soin porté à nos blessures, par le pardon reçu, une nouvelle phase dans la croissance de notre être croyant s’ouvre. Nous avons à vivre autrement dans notre quotidien. Nous ne sommes plus guidés par la figure extérieure du Seigneur dans une imitation extérieure et objectivante mais sous la mouvance de son Esprit qui nous conduit sur des chemins inconnus, qui nous identifient au Christ d’une manière intérieure. Cela nous rend comme de nouveaux Christs, des Chrétiens… pour nos frères, pour que la Bonne Nouvelle se répande… Cet arrachement, loin de la manière devenue habituelle d’être auprès du Seigneur, est douloureux. Acceptons le manque qu’il produit, cette pauvreté. Ce manque et cette pauvreté sont les moteurs de nos vies… Le Christ est derrière nous, car il est devant nous, car il est au-dedans de nous, car il est avec nous… Pour réaliser ce mouvement, le Seigneur fait, essentiellement, appel à notre intelligence d’une manière renouvelée.
Notre handicap de vie, reçu, reconnu, offert devient lieu de la croissance, ce qui n’était pas possible le devient, mon handicap ne m’empêche pas d’aller tout en haut de la montagne au loin… je perçois ce à quoi je suis appelé, je me fie au chemin déjà parcouru par le Seigneur, j’affronte un ennemi déjà terrassé qui ne peut que seulement m’illusionner…
« L’erreur du monde » Ce mouvement est notable. Au-delà de la faute morale vis-à-vis d’un code, du péché spirituel vis-à-vis d’une personne, il y a l’erreur de jugement en nous-mêmes… C’est l’erreur du monde, dont je fais aussi partie. Il y a à se situer, chacun de nous, devant l’événement qui concerne toute l’humanité, un homme qui a traversé la mort et qui interroge, par là, tous nos présupposés… Un homme situé dans une histoire que nous avons à considérer comme close… pour pouvoir en juger, en tirer profit, nous l’approprier en nous-mêmes. Cela ne peut se faire, pour chacun de nous, sans prendre distance, sans considérer globalement ce tout. Le Seigneur part. L’Esprit, alors, peut venir et nous donner de considérer autrement ce qui a été vécu, signifié, comprendre le monde à partir de là. Et nous donner ainsi de pouvoir inventer une nouvelle vie, qui prend racine dans la vie de Notre Seigneur, qui vise à aller vers le terme qu’il a attient, mais une vie qui va avancer aussi avec sa propre initiative, occuper sa propre place, et par là entrer en dialogue exubérant de fidélité. C’est bien à cette croissance que le Seigneur invite chacun : se rendre capable d’avancer. C’est ainsi que peut se bâtir le corps de louange qu’il désire.
« Il dénoncera » l'erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation. Et pour dénoncer, il montrera, signe de l’appel à l’intelligence. Aussi, le Seigneur expose puis revient sur les erreurs du monde, celles qui concernent le péché, le bon droit et la condamnation. Il nous propose, par là, un tout cohérent et dynamique que nous avons à comprendre, à faire notre pour vivre, vivre pleinement notre situation présente, pour mesurer la pertinence de notre propre dynamique, celle de notre chemin qui est à inventer. Et donc en premier lieu il y a à percevoir le terme autrement dit « aller comme le Fils vers le Père », puis il y a à saisir la manière de faire le chemin autrement dire « croire dans le Fils et la manière qu’il a eu de vivre avec nous », et enfin il y a à reconnaître la nécessité du combat pour avancer, autrement dit « en sachant bien que l’ennemi est terrassé, sans force, vaincu, que la tentation peut être dépassée, asséchée, évaporée »…
Fort de ces trois approches, nous pouvons, chacun de nous, en notre situation, avancer sur le Chemin, la Vérité et la Vie…
Le quartier du Père comme horizon…
où est le bon droit, car je m'en vais auprès du Père, et vous ne me verrez plus
Il montrera…
Le Saint Esprit rayonne de son « quartier »
Vers les trois autres quartiers…
Le quartier de la Trinité en action…
où est La condamnation, car le prince de ce monde est déjà condamné.
Le quartier du Fils comme référence…
où est le péché, car l'on ne croit pas en moi
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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