Jn 16, 12-15En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
« Pour l’instant vous ne pouvez pas les porter ». L’échange entre nous, humains, ne prend pas son assise seulement sur ce que nous échangeons de factuels, d’extérieur à nous mais aussi sur les interlocuteurs et, par cela, sur leur propre transformation. Eux aussi doivent vivre en eux-mêmes des transformations, des évolutions, au-delà de simples informations échangées. Et ce sont surtout ces évolutions-là qui rendent possible les évolutions dans notre capacité à entendre ce qui, bien des fois, déjà nous avait été dit au tout début, nous donner de nous laisser vraiment déplacer. C’est la lente transformation qui s’opère en nous à travers ce que nous échangeons qui nous rend capables d’entendre, « de porter »… L‘Esprit joue, pour cela, un rôle essentiel. Il peut aussi conduire nos propres attitudes de communication envers nos proches. Découvrons ce que le Seigneur nous en dit avant sa disparition et l’arrivée de l’Esprit sur cette manière de faire.
« Ce qu’il aura entendu, il le dira » Une attitude modeste qui consiste à revenir sur ce qui a déjà été dit, le redire tout simplement, parfois même au mot à mot, d’autre fois le reformuler, cela donnera alors de l’ampleur à ce qui a été dit, cela donnera un poids nouveau à ce qui a été dit, cela manifestera le poids du premier dit, cela lui donne la gloire, le poids de sa manifestation… Avec une grande liberté intérieure aussi, dire ce que j’ai entendu, pas simplement ce qui a été dit, mais ce que j’ai entendu, laisser se faire ainsi un tri, ne pas être dans la seule reprise mais par cela creuser, approfondir ce qui a été dit…
« L’Esprit reçoit ce qui vient de moi » Mais pour mettre en œuvre cette manière de dire ce qui a été entendu, cela demande une attitude intérieur plus profonde, une attitude première de confiance, d’ouverture, de bienveillance envers l’autre. Celle de l’Esprit de Dieu, envers ce que le Verbe incarné exprime, et dans le même mouvement, celle du chrétien envers son prochain… Ignace parlait du présupposé de bienveillance au tout début de ce dispositif d’écoute de l’Esprit en l’autre que sont les Exercices Spirituels. Faire ainsi nous conduit à sortir de notre situation présente, pour ensemble nous ouvrir à une réalité plus grande, la vérité toute entière… Vienne la perte, vienne le surgissement de la nouveauté dans la réception plus profonde de ce qui a déjà été donné, vienne l’ouverture à la nouveauté de la Mission, que Dieu peu à peu par nous soit tout en tous… la Gloire éternelle…