Entre Jean et Jésus se joue une naissance : naître au « royaume des Cieux ». Jésus la proposera à Nicodème. A nous aussi ? Dominique COLLIN le dit, le christianisme n’existe pas encore. Nous serons chrétiens quand nous entrerons au « royaume des Cieux ». C’est sans doute pas pour rien que les évangélistes insistent tant dessus, avec plein de paraboles. J’ai à le découvrir… Pour les Esséniens, la devise pourrait être : « sus aux péchés » ! Ils sont pris de zèle à arracher l’ivraie, à extirper les péchés, à délivrer du « monde » comme hier, des Romains et des lèvres impures ! Les « potes à Jean » me font penser aux cathos en pétard contre les mous et laxistes de l’Église ; il faut purifier le pays. Ils ne sont pas encore chrétiens, disciples du Christ, enfants du royaume des Cieux. Jésus ouvre une autre route, « ciel aux pécheurs ». Elle demande une conversion nouvelle. Ce que voit Jésus, c’est, non le péché mais le pécheur, qui est bien plus que ses actes.
Jésus est touché par la soif et le désir forts des Esséniens. Sa manière d’y répondre, par contre, ne sera pas reçue. Au Jourdain auprès du Baptiste, reçu du Père et envoyé par Lui, il se reconnaît dans la soif étouffée des pécheurs et des malades. Il leur donnera de l’exprimer ; sa joie sera de leur dire : « va, ta foi t’a sauvé ». Le royaume des Cieux est là, quand une foi de pécheur peut sortir et ouvre à la Joie. Jean ne l’a pas vu. Aux pécheurs, malades, et même aux publicains, il est donné de pousser le cri primal de la foi, et Jésus mange avec eux. Le royaume est là, cela déroutera Jean. Mais pas que lui, nous aussi, beaucoup en tout cas, même en notre Église. Le christianisme viendra quand nous quitterons notre résistance cachée à Celui qui fait entrer dans le royaume des Cieux. « Des violents cherchent à s’en s’emparer » et crucifient Celui qui vient ouvrir notre Vie. Seuls les « doux » y entreront. Ils sont ces graines de « martyr » qui ont éprouvé en eux la joie d’être entrés dans cette vie nouvelle que Jean n’a pas connue. Entre Jean et Jésus se vivent une grande communion … et un fossé : le « royaume des Cieux ». Comme entre toi et moi ? Jésus, aide-moi à quitter mes attachements à moi-même et à une perfection qui résiste à la nouveauté que tu ouvres ! Que l’Avent devienne l’Avent de ta Naissance
Olivier de Framond
Is 41, 13-20 ; Ps 144 (145), 1.9, 10-11, 12-13ab ; Mt 11, 11-15