Entre Moïse et Dieu, un long apprivoisement commence, qui amènera le peuple élu à connaître peu à peu la liberté d'enfants de Dieu. Cette liberté, nous cherchons nous aussi maintenant et ici, à y entrer, à l'accueillir. Le païen est sans doute de deux sortes. Il y a l'athée, là c'est clair, c'est le refus de Dieu ou en tout cas, Dieu n'est rien pour lui. Plus subtil et plus coriace, il y a aussi le païen qui récupère Dieu à sa sauce. Celui-ci, il est en moi, en nous, dans le peuple élu, dans l'Eglise. La liberté des enfants de Dieu commence dans les tout-petits qui suscitent la joie de Dieu : "Loué sois-tu Père de t'être révélé à eux", les tout-petits qui sont vraiment libres, debout devant le monde et qui aiment la vie, ta vie, et qui cheminent dans la foi, sans savoir d'où vient le vent ni où il va.
C'est ce long apprivoisement que Dieu initie avec Moïse. "Ote tes sandales car ce lieu que tu foules est une terre sacrée". C'est en recevant ce Nom qu'une alliance devient active, qui fait tenir l'homme devant les pharaons de la terre, aujourd'hui comme hier. Ce Nom avait fait sortir Abraham de son pays, pour une terre promise. En Moïse la promesse se renouvelle. Elle appelle à la foi, c'est-à-dire à se fier à la seule parole : "Je suis avec toi". Eh bé nom d'un chien, le païen en moi a encore à accueillir et accomplir un long apprivoisement avec ce Dieu que ses amis, les tout-petits, sont venus aux "périphéries" nous faire connaître et entendre. Cette foi donne d'entendre la soif de Dieu : "J'ai entendu le cri de mon peuple asservi, va, Je t'envoie vers Pharaon". Viens Seigneur, accorde-nous la grâce de devenir des tout-petits !
Olivier de Framond, compagnon jésuite - Ex 3, 1, 6.9-12 ; Ps 102(103), 1-2, 3-4, 6-7 ; Mt 11, 25-27