Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mt 13, 19 - Un risque à courir - 15e dimanche du temps ordinaire, année A

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 16 Juillet 2023, 20:16pm

Catégories : #Homélies

Mt 13, 1-9 : 

Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord de la mer. Auprès de lui se rassemblèrent des foules si grandes qu’il monta dans une barque où il s’assit ; toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles : « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »

Merci à l'auteur de cette image
Comment comprendre ce passage de l’évangile ? Comment recevoir le questionnement de vie qui a mis en mouvement les foules ou tout du moins ceux qui en leurs seins ont poursuivi le chemin, et qui par eux nous est adressé aujourd’hui ? Oui comment comprendre ? Par l’écorce des choses… les détails, les répétitions, les mouvements, bref par la situation vécue et retranscrite, par ce qu’elle dit d’elle-même… Oui ici, comme souvent dans le récit biblique en général, c’est la situation qui importe et ouvre au sens de ce qui est dit. La situation est constituée par ce qui se passe entre Jésus et les foules… avec un enjeu de relation, et forcément d’évolution de la relation… une relation ne vit que d’évoluer… les couples mariés le savent, les communautés religieuses également.
 
Alors concernant le mouvement de Jésus que dire ? Jésus est « sorti de la maison », puis il ‘et « installé au bord de la mer », et maintenant il est « sur la mer » (grâce à une barque). Il est dit, par ailleurs, qu’il est toujours assis. Un peu étrange non… Tout cela pointe une fonction enseignante mais dans une chaire mobile, en mouvement, qui va du connu vers l’inconnu, du stable (la maison) à l’instable (la mer). A vrai dire cette parole d’enseignement n’est pas une parole pour guider vers une perfection bien établie et à acquérir par des efforts mais une parole de conduite, de changement… d’ouverture au risque… risque que prend Jésus le premier en quittant la terre ferme et en se tenant dans une barque sur la mer.
 
D’autant plus qu’en parallèle de cette sortie de la maison jusqu’à la mer, opérée par Jésus, une relation s’est instaurée entre lui Jésus et ses auditeurs à tel point que des foules se sont rassemblées. Alors quoi de plus pour permettre d’avancer maintenant entre eux et lui ?… Une prise de risque à prendre pour les membres de la foule, chacun à sa mesure ne dira-t-il pas « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »… Une prise de risque raisonnable… à prendre comme le fait le semeur chaque fois qu’il sort pour semer… Oui en tout semis, il y a un risque que la semence meurt et qu’elle ne donne rien, terrible société banquière qui oublie ce risque et impose une rentabilité a priori… Alors recevons cette parole et nous-même risquons nous à avancer…
 
Et tout d’abord, prendre conscience que la manière de semer à l’époque dans cette partie du bassin méditerranéen est très différente de la nôtre. Le point essentiel de différence est le suivant : dans la mesure où les champs n’étaient pas constitués de bonnes terres comme chez nous, le paysan semait d’abord puis labourait ensuite, mine de rien nous reprenons cette manière de faire actuellement. Nous comprenons alors la diversité des aléas dont nous parle Jésus et nous comprenons que la pointe n’est peut-être pas d’être une bonne terre, sans cailloux, sans ronce, hors du chemin mais de se persuader que malgré les ronces, les cailloux, les chemins, la prise de risque du semis vaut le coup. Il y aura un bénéfice au bout du compte. Bénéfice veut dire à sa racine « bienfait ».
 
Alors le chemin paraît simple à la foule, à nous par la suite. Non pas de se risquer tout seul, sans savoir où aller, non, il s’agit simplement pour nous de suivre Jésus qui le premier s’est risqué et qui nous ouvre le chemin… continuons à faire confiance au dialogue qui s’est établi entre lui et nous, veillons à le maintenir et alors acceptons de prendre le chemin qu’il nous ouvre, recevons sa parole de vie, quittons notre zone de confort, passons de la terre ferme de nos certitudes à la marche sur les eaux. Jésus ne cesse de dire à chacun de nous dans le fond de son cœur : « vis et sois vivant ! viens à moi !» Oui Amen Alléluia !
 
Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
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