La première Église était un beau bazar. Mais un bazar bien traversé. Le personnage principal semble « l’Esprit Saint », Celui auquel a priori nous prépare le temps pascal. C’est Lui qui est entré chez les amis du Ressuscité. Depuis, il met le boxon là où il passe : il agace les réfractaires qui lapident Étienne, il retourne Saul et en heurte alors d’autres qui le lapident presque. Il se donne aux païens qui reconnaissent en ces « gens de la secte » - qu’on appellera chrétiens - des frères et sœurs d’un même Dieu. Là Il pousse le bouchon un peu loin ! Ces païens doivent-ils entrer dans le droit chemin et, comme nous, les élus, être circoncis et obéir à la Loi de Moïse en tous points ? … Nous voyons des témoins du Ressuscité qui n’ont pas froid aux yeux. Ils écoutent « l’Esprit Saint », ils le discernent. Et c’est un bazar perpétuel, très vivant, qui commence. Dieu a choisi un « Peuple élu », lumière pour les nations. Et là, par l’Esprit Saint reçu en ses amis, Il enfante un nouveau Peuple, où tous sont appelés à la même Promesse. Vous vous y retrouvez ? J’aurais été aussi paumé que tous les rouspéteurs juifs du moment, je crois !
Aujourd’hui nous vivons un peu cela avec notre Église, il me semble. Mais c’est plutôt le mouvement inverse, un retour à « l’Église élue, sacrée » d’hier, bien visible, à l’identité marquée, qui tienne les païens, les « périphéries », à distance. L’Esprit Saint a-t-il été « remercié » par nos aspirations ? Dieu nous a tous appelés, chantons-nous parfois. Tous, à condition d’être purs, circoncis, ne mangeant pas de sang ? Esprit Saint, nous allons bientôt te fêter, mais seras-tu Celui qui nous conduit et nous ouvre les yeux et la parole, ou seras-tu obligé de rentrer dans nos normes ? J’aimerais un jour Te découvrir un peu, Toi que quelques-uns ont écouté.
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Ac 15, 7-21 ; Ps 95(96), 1-2a, 2b-3, 10 ; Jn 15, 9-11 (jeudi 2mai2024)