Jardinier de Dieu

Jardinier de Dieu

Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


5 mai 2024 - 6ème dimanche de Pâques, année B

Publié par Roland Cazalis, compagnon jésuite sur 4 Mai 2024, 14:24pm

Catégories : #homelie_cazalis

Nous allons nous focaliser sur l’évolution de l’intériorité de l’apôtre Pierre sur la question du pur et de l’impur qui ne concerne pas que les aliments, mais surtout les gens. Nous allons être attentifs à la pédagogie que Dieu met en œuvre pour l’amener à connecter sa vision à la sienne.

L’expérience ou l’exclamation qui marque un tournant dans l’intériorité de Pierre est « en vérité, je le comprends, Dieu est impartial ».

« Dieu accueille toute personne qui l’aime ou qui le craint et dont les œuvres sont justes. »

Les deux arguments vont ensemble. Donc, pas seulement des œuvres justes, nous verrons plus loin la dynamique de ces arguments.

Trois événements concourent à cette évolution intérieure de Pierre.

Tout d’abord, il y a ces songes ou visions dans lesquels Pierre est invité à manger des animaux qualifiés d’impurs d’après la tradition juive.

Il y a de quoi l’intriguer.

Nous n’allons pas faire de la psychanalyse sauvage. Néanmoins, si vous faites des rêves qui vous invitent à faire des choses interdites, à transgresser les règles, cela doit vous questionner sur votre subconscient, sur vos désirs refoulés. Bref, ce genre de rêve a certainement du sens pour vous, même un sens interdit. Il y a là, l’indice d’une question qui vous travaille de l’intérieur.

Le deuxième événement nous est signifié par le fait que Pierre est poussé par l’Esprit chez Corneille, un centurion de l’armée romaine, un païen donc, un être impur. Un juif observant ne peut pas entrer chez lui sans tomber dans l’impureté.

En somme, entrer chez un païen ou manger du porc ou des animaux impurs est une souillure.

Chez nous, nous disons que tout est bon dans le cochon… Nous vivons dans un monde différent.

Si c’est l’Esprit qui le pousse chez le païen, alors Pierre est dans le vrai ; il n’est pas dans l’impureté.

On ne peut pas être dans l’impureté sous la mouvance de l’Esprit.

Le livre de la sagesse nous dit que « l’Esprit est d’une telle pureté qu’il traverse et pénètre toute chose ».

Cette phrase est assez étonnante quand on y prête attention.

À cause de sa pureté, l’Esprit traverse toute chose !

Voilà une pensée à méditer.

Nous ne sommes pas dans le péché ou dans l’impureté quand nous sommes sous la mouvance de l’Esprit. Pierre doit tirer les conclusions qui s’imposent.

Les aliments sont divers, mais non pas impurs. Les peuples sont divers, mais non pas impurs.

Concernant les peuples, la dialectique Israël/ les nations d’avant la Passion-Résurrection n’est plus vraiment opérante, car le Verbe de Dieu a pris chair dans l’humanité et la Parole est annoncée à toute l’humanité. Israël se retrouve dès lors face à son destin en tant que peuple. Il ne lui reste plus qu’à éviter d’être le dernier à l’arrivée, lui qui a porté la promesse.

A la suite du Christ, nous ne parlons plus d’impureté. Nous parlons de péché.

Au cas où Pierre aurait encore des scrupules, puisque les traditions sont profondément imprimées dans la conscience, alors l’Esprit rend pur tout ce qu’il touche.

Voilà d’ailleurs ce qui se produit, car l’Esprit tombe ou s’empare ou l’Esprit descend sur tous ceux qui écoutaient la parole. Voilà le troisième événement qui prend Pierre de cours.

Tous ces gens sont baptisés dans le feu. Ils sont baptisés de manière éminente. Ils n’ont pas besoin du baptême que Pierre demande de leur conférer par la suite.

La demande de Pierre est avant tout un geste d’acquiescement. Il reconnaît l’action de Dieu qui vient de le prendre de vitesse et qui parachève le processus de compréhension des deux premiers événements et par là même, la transformation intérieure de Pierre.

L’acquiescement de Pierre a aussi une autre conséquence. Il lui revient de signifier aux nouveaux baptisés qu’ils sont désormais membres de droit de la communauté des croyants.

La communauté devient un groupe formé de toutes sortes de gens. Les membres ont désormais en commun l’humanité et l’Esprit du Christ.

L’Esprit provoque la congrégation des gens en communauté par sa présence.

Voilà pourquoi les gens de Corneille demandent à Pierre de rester avec eux quelques jours.

Il s’agit là de la même demande formulée par les pèlerins d’Emmaüs au Ressuscité « reste avec nous, car le soir tombe ».

En réalité, il n’est pas question de soir qui tombe, mais de désir de profiter encore de la présence de celui qui a incendié leur cœur par ses paroles.

Chaque personne qui reçoit l’Esprit est un élu de Dieu, un choisi, un appelé à rejoindre le groupe des croyants et à vivre de la présence de l’Esprit dans son cœur.

De là découle la définition de mot « ami » qui est utilisé dans l’Évangile de Jean.

L’ami est celui dont l’Esprit du Christ habite l’intériorité. Autrement dit, il devient un ami du Christ qui l’a choisi en lui envoyant son Esprit.

En d’autres termes, recevoir l’Esprit revient à être choisi comme ami par le Christ.

Ce n’est pas tout. Celles et ceux qui vivent de la présence de l’Esprit du Christ, ceux-là deviennent à leur tour des amis dans le Seigneur. Cette dernière réalité se traduit par la fraternité évangélique au sein du groupe.

Roland Cazalis, compagnon jésuite

Ac 10, 25-26.34-35.44-48 ; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4 ; 1 Jn 4, 7-10 ; Jn 15, 9-17

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