Jeudi, 3e semaine du temps pascal
Il semble qu’à cette époque il était possible de circuler sans crainte entre Jérusalem et Gaza. Et c’est un Éthiopien, pas un Palestinien, qui éveille l’Esprit. En groupe nous priions autour de la Trinité miséricordieuse de la petite sœur de Jésus, Caritas Mueller. Elle montre comme un pain de vie une humanité blessée, quasi mourante, entourée d’une Trinité penchée sur elle. « Je suis le pain qui descend du ciel ». C’est tout le mouvement suscité entre le Père, le Fils, l’Esprit et cette humanité en mal d’enfantement, qui est « chair donnée pour la vie ». Et il se trouve qu’aujourd’hui la Parole de Dieu avec Luc nous emmène entre Jérusalem et Gaza. Comme si nous étions invités par Dieu à contempler cette chair, rompue pour la vie du monde.
Dans cette Trinité miséricordieuse, l’Esprit se montre tel un feu vers le ciel et une colombe qui descend vers lé blessé secouru par le Père et le Fils. L’Esprit est toujours à la fois fort et discret. Ni le Père, ni le Fils, pris aux entrailles, et encore moins l’infirme, ne l’aperçoivent. Dans le livre des Actes un eunuque remplace l’infirme, et Philippe, le fils. Le Père se trouve un ange pour faire venir Philippe et se dissimule derrière des paroles d’Isaïe que « l’infirme » ne sait comment lire. Et comme pour les paumés d’Emmaüs, le « fils » disparaît du regard quand le feu a pris, … allumé par l’eau baptismale, si l’on peut dire ! Comme sur le chemin d’Emmaüs aussi, l’homme – mais là c’est un étranger – est ouvert à l’intelligence des Écritures. Comme quoi tout peut être lieu ou événement où les Écritures se vivent et s’accomplissent en Celui reconnu comme le « Fils ». Mais l’Esprit trouvera-t-il sur terre les conditions pour trouver la joie de se manifester ?
Olivier de Framond, compagnon jésuite