Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


16e dimanche, année A - "Jusqu'à la moisson" (SG 12, Ro 8, Mt 13)

Publié par Olivier de Framond, compagnon jésuite sur 23 Juillet 2023, 08:59am

Catégories : #homélie_framond

Merci à l'auteur de cette image

Le royaume des cieux est comparable à un semeur de bon grain, une graine de moutarde jetée en terre, du levain enfoui par une femme. Tantôt c'est une personne, tantôt c'est une graine, tantôt aussi un ferment. Ce qui les rassemble, c'est qu'on ne les voit pas agir, en tout cas pour la graine et le ferment. Et aussi, que ça se passe dans la patience. La patience de Dieu, c'est la patience des humbles. Tenir jusqu'à la moisson, laisser pousser jusqu'à la venue de l'arbre, attendre jusqu'à ce que la pâte ait levé. La joie du royaume est aux humbles qui entrent dans la patience de Dieu. À l'inverse, l'impatient perfectionniste ou jaloux, celui-là ne connaît que l'agitation.

 
L'ivraie, je crois que le mot latin est "zizania". C'est celui qui se mêle au bon grain pour semer la zizanie. Nous voyons cela partout dans le monde : c'est le domaine des manipulateurs, des abuseurs, et autres trouble-fêtes qui mettent leurs énergies à empêcher l'adversaire d'avancer dans la paix. Ça occupe les titres des journaux, avec les guerres, les manifestations et colères aidées par l'extérieur qui sème des tweets ou autres slogans. Ça occupe nos conversations quand dans un couple séparé, ou au boulot, ou entre bandes, l'un passe son temps à médire sur l'autre. On voudrait arracher l'ivraie. Sans voir que nous sommes entrés dans son jeu qui nous centre sur nous-mêmes et oublie le bon grain. Dieu ne voit que la moisson. Il ne craint pas les trouble-fêtes qui se mêlent au bon grain. Moi je m'en passerai. Comme de ces casseurs qui profitent des manifestations récentes, je voudrais les supprimer, les enrôler à l'armée, qu'ont-ils à agir ainsi ? Mais là, c'est la zizania qui fait son boulot en moi, zut alors ! Il y a bien mieux : me tourner vers le bon grain, l'aider, l'accompagner, jusqu'à la moisson. Jusqu'à notre dernier souffle. Nous avons vraiment à nous y entraider.
 
Paul suggère une manière de vivre avec l'ivraie quotidienne qui fait partie de notre condition humaine. Laisser l'Esprit pousser des gémissements inexprimables en nous, centrés sur la moisson. Comme en rando, aimer la patience de Dieu, qui trouve le souffle et le rythme pour aller jusqu'au bout. L'impatient ne tiendra pas à vouloir arriver trop tôt. À quoi je tends mes énergies ? Le Seigneur m'appelle à aider ce qui nourrit en vérité, ce qui abrite la vie, ce qui lève pour donner du pain. Le sage de Dieu s'émerveille de Celui qui dispose de la force, Dieu, et qui n'écrase personne mais au contraire ouvre une espérance en chacune et chacun, comme en tout son peuple. Et l'espérance, c'est d'habiter un cœur qui se convertit, dit la Sagesse. La moisson ne vient que dans une conversion habitée, partagée. Seigneur, garde-nous tournés vers ta moisson.
 
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Sg 12, 13. 16-19 ; Ps 85 (86), 5-6, 9ab.10, 15-16ab ; Rm 8, 26-27 ; Mt 13, 24-43
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