Les textes du jour nous font méditer sur trois vocations, celles d’Isaïe, de Pierre et de Paul de Tarse.
Nous allons voir quelques éléments qui structurent ces appels.
Je vous fais grâce du contexte historique de la vocation d’Isaïe. Néanmoins, nous pouvons facilement penser qu’il s’agit de l’intervention de Dieu pour le salut, par exemple, pour empêcher une invasion étrangère.
Concernant Isaïe, la vision a pour cadre le Temple, dans la salle appelée le Saint, pas le Saint des Saints où se trouve l’arche d’alliance, mais une salle où se trouve l’autel des parfums.
On nous situe l’époque, à la mort d’Ozias (vers 740 av. J.-C.).
Là, Isaïe vit une théophanie, une manifestation de Dieu en sa faveur, de même que Moïse voit le buisson ardent (Ex 3) ou Ezéchiel, le char céleste (Ez 1 et 10).
Isaïe est tout d’un coup mis en proximité avec le « Dieu trois fois saint ».
Isaïe prend conscience de son indignité face à une telle proximité.
La proximité de la sainteté crée le sentiment d’indignité, ce qui correspond à la réalité.
Isaïe l’exprime en ces termes « je suis un homme aux lèvres impures et j’habite parmi des gens comme moi ».
Nous connaissons la théophanie dont Paul a été gratifié sur le chemin de Damas.
Il en fait allusion en rappelant que le « ressuscité est même apparu à moi, l’avorton, l’enfant né avant terme et non viable ».
Voilà comment Paul reconnaît son indignité également pour avoir persécuté l’Église.
La théophanie en faveur de Pierre est le coup de filet
Un marin-pêcheur professionnel, on ne peut pas raconter d’histoire. Ce coup de pêche dans une mer vide est quelque chose de surnaturel, car il connaît ce que la mer peut donner et ne pas donner.
Il reconnaît son indignité en disant « éloigne-toi de moi Seigneur, car je suis un homme pécher ».
La reconnaissance de cette indignité est la reconnaissance de l’écart entre Dieu et moi, l’écart de sainteté, lui qui est trois fois saint.
L’indignité d’Isaïe est effacée par le rituel symbolique de la purification de ses lèvres par un charbon ardent posé sur ses lèvres par un être céleste, un séraphin, dont le nom signifie « brûlant » et qui lui stipule que sa faute est enlevée, son péché pardonné
Paul de Tarse est pris en charge, il est amené à Damas par la main, comme un enfant, mais aussi parce qu’il a perdu la vue.
Ananie de Damas lui impose la main ; il retrouve la vue et reçoit le baptême.
Paul est mis à part pour le Seigneur.
Pierre, à l’issue de sa confession reconnaissant son indigence en termes de sainteté, Jésus lui dit « sois sans crainte ; désormais, ce sont des hommes que tu prendras ».
Là aussi, Pierre est libéré de son indignité et mis à part pour une autre forme de pêche.
La fin de la théophanie est l’acquiescement de celui qui est mis à part.
Pour Isaïe, c’est assez explicite. Il dit en effet, j’entendis le Seigneur qui disait « qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? »
Isaïe acquiesça « me voici, envoie-moi ».
Paul, une fois baptisé et reçu l’Esprit, il part comme une balle proclamer l’Évangile du Christ.
Quant à Pierre, une fois rassuré, il range sa barque sur le rivage et se met à la suite du Christ.
L’appel est déjà dans la théophanie.
Ceci étant posé, on peut se demander si la reconnaissance de son indignité en vivant la théophanie est un critère d’authenticité ou de maturité humaine devant Dieu. L’enfant, comme le jeune clerc peut se croire tout-puissant, jusqu’au jour où…
Cette reconnaissance et la grâce qui permet de guérir de l’indignité doivent produire un « envoie-moi » qui est marqué de deux traits que sont l’assurance et l’humilité.
L’assurance, car la parole à annoncer n’est pas la mienne tout comme Jésus n’avait pas de volonté propre à faire valoir. L’humilité advient pour la même raison, mais surtout parce que c’est Dieu qui est souverain devant les gens vers qui je suis envoyé, et non pas moi !
C’est d’ailleurs l’une des questions en arrière-fond de l’appel d’Isaïe, à savoir, qui est le souverain en Israël, Dieu ou le roi ?
Merci à l'auteur de cette image
Il y a deux barques, et Jésus choisit de monter dans la barque de Pierre et pas dans l’autre. Ce n’est sûrement pas par hasard. En effet, l’envoie vous transforme en christophore ou en théophore. Notre barque est notre intériorité, soit le lieu propre de Dieu, le lieu propre de l’Esprit.
Avec cette image, nous pouvons comprendre la grâce et l’humilité de porter Dieu.
Roland Cazalis, compagnon jésuite
Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8 ; 1 Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11
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