Ça commence à sentir Pâques, cette Parole de Dieu. La Pâque fêtait la sortie d’Égypte avec des pains sans levain, la sortie de l’esclavage, la sortie d’un monde ancien. Jésus, le Christ, le Fils bien-aimé de Dieu, fait faire le passage de la Mer Rouge. Il est le Chemin vers la Terre promise, joie du Ciel qui s’ouvre à la créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né …
Quel monde ancien nous invite-t-il à quitter ? Il y a le monde ancien du cadet. C’est clair : celui d’une misère où son désir d’autonomie l’a mené. Il se croyait maître, il est esclave de lui-même, de son rêve de « Je-ne-dépends-que-de-moi-tout-seul » ! … Mais il y a aussi le monde ancien de l’aîné. Peut-être plus coriace et tenace, en fait. C’est un monde d’habitude, du « je-fais-mon-carême, ma-messe, je-me-conforme-aux-normes ». C’est moins dérangeant pour les autres. Mais ça reste un monde ancien, pas celui de Pâques. Nous sommes a priori un mélange de cadet et d’aîné. Notre monde ancien, c’est ce qui en nous résiste à nous laisser réconcilier avec Dieu. C’est les hontes qui me prennent parfois, ou on le voit hélas à nos portes, le rêve mortifère d’un empire d’hier, ou plus simplement, d’une santé passée, c’est mes peurs de manquer, de sous, de neige, d’essence, d’amis. C’est mon rêve d’autonomie, toujours là.
La créature nouvelle réconciliée avec Dieu est sortie du monde ancien. Elle entre dans la joie du Ciel pour un fils revenu à la vie. Elle entre dans la joie du Ciel en qui tout est partage. Entre le Père, le Fils, l’Esprit, rien ne se garde, tout est don. « Rien à soi, tout à souhait », comme me disait un ami. « Tout ce qui est à moi est à toi ». La créature nouvelle le découvre, elle s’en émerveille. Entre Dieu et nous, cadets, aînés, pareil, réconciliés, tout est tourné vers le don, le partage, la joie du Ciel. Pâques est ce passage vers la vraie JOIE, celle d’un père engendré par un fils qui était perdu et qui est retrouvé, qui était mort et qui est revenu à la vie. Un 3ème fils, celui qui s’adresse aux aînés par cette parabole, sera sur une croix l’enfant du Père, qui quittera le monde ancien en donnant tout, en ne gardant rien...
Olivier de Framond, compagnon jésuite
Jos 5, 9a.10-12 ; Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32